Yanis Adjlia, 27 ans, président de l'Association pour la défense de l'information du consommateur (ADIC) est désormais dans le viseur de la justice à Béjaïa. Cumulant trois affaires, il est accusé d'«incitation à attroupement» dans deux dossiers et comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Béjaïa les 11 et 18 octobre. Dans la première affaire — où la wilaya serait derrière la plainte — Yanis avait dénoncé, dans un rassemblement organisé devant le siège de sa wilaya en mars dernier, l'augmentation «illégale» du prix de transport qui devait être, selon lui, «de 10% et non de 33%». Dans l'autre, enrôlée par la commune de Béjaïa, il avait «dénoncé dans un rassemblement public le gaspillage de l'argent public dans la reconstruction de trois statues construites en ville et démolies après leur achèvement». «La commune a perdu plus de 10 millions de dinars qu'elle aurait pu consacrer à des projets plus utiles», insiste Yanis, joint par téléphone. Mais ce n'est pas tout. Yanis a été poursuivi, encore une fois, par un promoteur immobilier pour diffamation. Son avocat, maître Bakouri Amirouche, affirme que c'est en relation avec une pétition lancée par l'accusé qui s'est opposé à la construction d'un immeuble dans un espace vert sis dans son quartier. Son avocat dit qu'il comparaîtra, pour cette affaire, le 18 octobre devant le même tribunal. «Ce qui est grave c'est que la wilaya comme la commune tentent de dissoudre l'ADIC et l'association de quartier que je préside», dénonce Yanis. Dans le sud du pays, à Béchar, Abdelaziz Chellali, 36 ans, militant de la cause des chômeurs, connu dans sa région pour ses multiples actions de dénonciation, est appelé lui aussi à comparaître devant la justice le 5 octobre. Accusé d'«outrage à fonctionnaire» pour avoir tenté de pénétrer dans l'enceinte de l'hôpital du centre-ville afin de rencontrer la commission d'inspection ministérielle qui était sur les lieux, il affirme que c'est «la directrice de l'hôpital qui a déposé plainte contre lui». «Les responsables de l'hôpital brûlent les déchets médicaux à l'intérieur de l'établissement et distribuent les mêmes repas pourris à tous les patients sans distinction liée aux régimes alimentaires. C'est ce que je voulais dénoncer, entre autres, auprès de ladite commission. Mais j'en ai été empêché, et je suis poursuivi avec le risque d'être emprisonné prochainement», dénonce Abdelaziz, joint par téléphone.