La promptitude à réagir au non paiement de facture par des coupures sur compteurs de petits consommateurs passe mal. La société nationale de l'électricité et de gaz, Sonelgaz, se fait des ennemis. Et parmi ses propres clients, révoltés par un certain nombre de pratiques qui les font sortir de leurs gonds. C'était le cas hier, samedi, de quelques dizaines (prés d'une trentaine) de personnes, dont des représentants d'associations du chef lieu de la wilaya, qui se sont rassemblé devant le siège de la wilaya pour crier leur ras le bol, à l'appel de l'association de la défense et de l'information des consommateurs (Adic). L'exaspération se lit d'ailleurs sur la seule banderole qui a accompagné la manifestation pour pousser l'accusation jusqu'à voir dans la société nationale «une dictature qui se met en place». Une pique au vitriole. Elle est décochée pour répondre «aux agissements abusifs de la part de la direction de la Sonelgaz de Béjaïa, qui sans scrupule procède à des coupures de courant aux nombreuses familles clientes de longue date de cette dernière, au motif de non-paiement, d'un retard d'une journée, en ces périodes de rentrée sociale et à l'approche des fêtes religieuses (Aïd)» comme écrit dans la déclaration-appel au sit-in placardée dans la ville de Béjaïa. Les organisateurs rappellent dans le même document public «que cette direction n'arrive même pas à satisfaire sa propre clientèle» la rendant responsable de «travaux bâclés ou non finis, doléances non satisfaites, câbles électriques traînant partout qui mettent en danger nos enfants…». La charge a continué lors du sit-in d'hier, dans la bouche de l'infatigable et jeune président de l'Adic, Yanis Adjlia. «Une journée de retard de paiement et on vient nous couper l'électricité alors que l'on ne bouge pas à nos alertes de câbles de haute tension traînant par terre» dénonce-t-il.Dans les comptes de la Sonelgaz, qui se plaint souvent de ce boulet financier, le chiffre des impayés grossit à coup de millions de dinars, dont une grosse part est à recouvrer auprès des institutions et organismes publics. Mais la promptitude à réagir au non paiement de facture par des coupures sur compteurs de petits consommateurs passe mal. «Allez-y couper aux usines, à l'université, aux institutions de l'Etat, pas aux pauvres pères de familles que vous touchez dans leur dignité. C'est inhumain !» renchérit Yanis Adjlia qui ne pense pas moins que de la sorte «au lieu de régler un problème on en crée d'autres». «La Sonelgaz a des comptes à rendre» estime l'orateur, qui a tenu à préciser le caractère pacifique de l'action du jour qui ne déborde pas sur la rue. «La prochaine fois ce ne sera pas de cette manière» promet-il, un tantinet menaçant. Parmi la petite foule, il n'est pas question que de coupures intempestives, mais aussi de chutes de tension avec son lot de dégâts collatéraux. «Nous risquons gros. Je garde dans mon frigo des médicaments qui font plus de 2200 DA l'un et que je dois conserver à un certain degré de température» témoigne un usager protestataire, non moins exaspéré. Un autre de poser le problème de coupures pour non payement survenant le jeudi et forçant au noir jusqu'au moins la première journée ouvrable. «C'est une boîte privée qui se charge de ces coupures, et ce n'est pas sans erreur sur l'identité des clients à couper» ajoute Adjlia selon lequel le payement de factures d'électricité à la poste n'assure pas, pour un problème de coordination, le maintien du jus à tous les coups. «Parfois, il faut signaler à la Sonelgaz que vous avez payé au niveau de la poste». «Tout cela ne se passe qu'à Bougie» s'écrie le président de l'association de la défense des consommateurs qui donne rendez vous pour un retour à la charge devant le siège même de la Sonelgaz.