Contrairement aux éditions précédentes, les livres religieux, prônant la violence ou ayant un caractère « djihadiste » qui occupaient une place de choix, seront bannis cette année du 11e SILA. En effet, les organisateurs ont pris des mesures fermes afin que les dérapages et les débordements des années antérieures ne se renouvellent pas. Un comité de contrôle, placé sous la direction du ministère des Affaires religieuses, a eu la lourde tâche de vérifier et accorder les visas aux titres proposés par les exposants. Le président du comité d'organisation du Salon international du livre, Ahmed Boucenna, a affirmé que les exposants doivent absolument se soumettre au règlement intérieur du salon. « Il y a, dit-il, des lois qu'il faut respecter tant du côté algérien que du côté étranger. Il existe une commission dépendant du ministère des Affaires religieuses qui veille au respect des lois. » Plus de 500 titres ont fait l'objet de censure durant ce salon. Les membres du comité d'organisation affirment ne tolérer aucun produit livresque qui prête à la subversion, qu'il soit religieux ou politique. « Nous veillerons à l'application stricte du règlement intérieur du salon. Nous ne sommes pas contre le livre saint mais nous ne tolérons pas des livres à caractère subversif », explique Ahmed Boucenna. Si le comité d'organisation du salon a les pleins pouvoirs sur le déroulement de cette manifestation, il n'en demeure pas moins que le ministère des Affaires religieuses a un droit de lecture sur les livres religieux. Prolixe, le chargé de la communication, Abdellah Tamine, confirme qu'au sein de son département, il existe une commission de lecture ayant trait au support religieux. Notre interlocuteur explique que deux cas de figure sont à retenir. Lorsqu'un produit est importé, au niveau des frontières, la douane exige de l'importateur étranger une autorisation d'accès délivrée par le ministère des Affaires religieuses. Le concerné se doit de ramener un échantillon de son produit, une demande manuscrite et un dossier réglementaire. La commission prend connaissance du contenu. Elle se doit de confirmer que le produit en question ne porte pas atteinte à la religion et ne va pas à l'encontre des mœurs. S'il y a des réserves, la commission informe la structure douanière. Lorsqu'il s'agit d'un Algérien qui veut éditer un livre, il se doit de demander une autorisation. Après avoir vérifié le contenu sain du livre, une autorisation est octroyée. Si l'éditeur s'entête à éditer son livre, en dépit du refus du ministère, ce dernier peut faire l'objet d'une saisie ou d'une poursuite judiciaire. « Nous ne jouons pas aux policiers, mais si un éditeur veut être couvert, il doit de se rapprocher de notre ministère ». A la question de savoir combien d'autorisation ont été délivrées à l'occasion de la tenue du Salon international du livre d'Alger, Abdellah Tamine révèle que 130 exposants étrangers et 120 exposants algériens ont été destinataires d'une autorisation. Concernant les livres n'ayant pas bénéficié d'une autorisation, notre source affirme que ce sont les importateurs étrangers qui sont concernés par cette mesure. « Les produits soumis présentaient des erreurs dans les contenus. Pour le reste, les réserves sont les ouvrages qui font appel à la violence, à l'extrémisme, au terrorisme, à la pornographie et au djihad. Nous ciblons toutes les religions. » Il est à noter, par ailleurs, que le comité d'organisation du salon n'autorisera pas cette année l'exposition et la vente de cassettes vidéo et magnétique de « Kechk », ainsi que tout autre support audiovisuel faisant l'apologie du crime et de la violence. Cependant, seul le ministère des Affaires religieuses sera habilité au sein de son stand à distribuer des CD, des cassettes ainsi que des revues et des livres religieux, et ce, à titre gracieux. Plus de 60 ouvrages seront distribués gratuitement au public.