La révision des manuels scolaires sur l'éducation islamique a supprimé la notion de djihad contenue dans les précédentes éditions. L'inspecteur général des affaires religieuses estime que cette «décision est une erreur monumentale». La conférence d'orientation consacrée aux imams et mourchidate (conseillères religieuses), qui s'est ouverte, hier, au siège du Haut Conseil islamique (HCI), s'inscrit en droite ligne de cet objectif, même si, officiellement, le ministre des Affaires religieuses tente d'inscrire cette rencontre dans un contexte d'«orientation et de formation de 61 imams et mourchidate». Le ministre de la tutelle, M.Ghallamallah, a haussé le ton lors de la cérémonie d'ouverture. Son intervention part d'une approche «politico-religieuse» visant à redonner à la mosquée sa véritable place dans la société. «Cette dernière étant un espace pour l'enseignement et l'éducation religieuse, nous devrons instaurer une référence religieuse unifiée», a-t-il expliqué avant d'ajouter: «Actuellement, nos références se perdent dans des approches iranienne, afghane ou même américaine.» Bref, entre approche conservatrice intégriste, ou encore trop moderniste. Le danger vient de l'approche intégriste qui a plongé le pays dans la violence et le sang. En effet, la mosquée avait perdu son caractère sacré avec l'avènement du multipartisme. Ce lieu a servi de tribune pour la propagande, essentiellement à l'ex-FIS. On se rappelle aujourd'hui des prêches incendiaires de Ali Benhadj ou encore de Abassi Madani. Avec l'apparition du terrorisme, ce lieu a été pris en otage par les prédicateurs du djihad. Certains imams ont même payé de leur vie le fait d'avoir refusé de prononcer des fetwas à ce sujet. Mais selon l'inspecteur général du ministère des Affaires religieuses, les temps ont changé et «depuis presque une année, les mosquées sont totalement contrôlées». Et pourtant, à l'approche des élections législatives et municipales, des partis islamistes tentent, tant bien que mal, de contrôler ce lieu saint. Mahfoud Nahnah s'est, lors d'un mémorandum confidentiel, adressé, le 18 octobre dernier, aux imams. Il les a invités à développer la thèse concernant la réhabilitation de l'idée du califat islamique. «Car vous occupez des postes sensibles», appuie-t-il. «L'imam a un contrat et un engagement à respecter. S'il faillit à sa mission principale, il sera sanctionné par les différents conseils scientifiques», défend notre interlocuteur qui explique la sortie de Nahnah comme une tentative «visant à piéger le ministère des Affaires religieuses dans des dérives politiques». Evoquant la révision des manuels scolaires sur l'éducation islamique qui supprime la notion de djihad contenue dans les précédentes éditions, l'inspecteur général des affaires religieuses estime que cette «décision est une erreur monumentale», dans la mesure où les causes ayant poussé des jeunes à prendre le maquis sont à chercher ailleurs. A ce sujet, on a appris que le ministère des Affaires religieuses préparait un décret visant l'instauration d'une «maison de fetwa», ce qui nous amène à nous interroger quant au devenir du Haut Conseil islamique.