Samedi dernier, la salle de sport jouxtant la cité CIA, au centre-ville, était bondée de monde. Des dizaines d'enfants accompagnés de leurs parents étaient venus s'inscrire à l'école de Handball de la JSES, un club local qui fait désormais partie de l'élite nationale. Le spectacle qu'offraient ces gosses âgés de 08 à 12 ans témoigne d'abord de l'intérêt que portent les Skikdi à un sport qui a donné à la ville ses titres de noblesse, plus que tous les autres sports, football compris. Il témoigne aussi du sérieux et du niveau de formation qui sont devenus un label indéniable de la JSES en matière de formation. Normal, l'école de ce club est dirigée par Rabah Sayad, l'ancienne gloire de l'EN, soutenu par son ami, Kiati, qui a eu lui aussi à garder les bois de cette même EN à l'époque de l'âge d'or du handball algérien. «Cela fait des années que je suis à la tête de cette école et nous ne cessons de saison en saison d'être submergés par le nombre impressionnant de gosses qui veulent se former à la JSES. Vous savez, moi je ne pourrai jamais dire à un enfant que je ne peux pas l'inscrire à l'école, car il y a trop de monde. Si on fait ça, on donnera le mauvais exemple au risque même de briser ces enfants», affirme Rabah Sayad, connu pour ne pas mâcher ses mots. Seulement, il faut aussi reconnaître que cette ferveur ne peut cacher les limites des infrastructures qui caractérisent Skikda depuis plus d'un demi-siècle déjà sans que cela ne gêne, ni inquiète personne. Le bon vouloir de ces messieurs du handball national s'estompe souvent devant une réalité pas toujours facile à digérer. Rabah Sayad en parle : «Ce qui me choque surtout et que je trouve intolérable c'est qu'il nous arrive souvent de ne pas faire bénéficier ces gamins de leur entrainement parce qu'il n'y a qu'une salle. Cette triste réalité devient presque courante lorsqu'il pleut. Il ne faut se mentir ; nous accusons un manque flagrant en matière d'infrastructures sportives.» On retrouve le même son de cloche auprès de Kiati : «L'école ne dispose que d'un seul créneau à raison de deux fois par semaine et cette salle, à elle seule, ne peut satisfaire l'ensemble des clubs qui s'y entrainent. Le salut du sport en général à Skikda réside dans l'urgence de doter cette ville de véritables infrastructures. Regardez cette salle, c'est un fut en taule galvanisée. Elle fait honte à une ville plusieurs fois championne d'Algérie en Handball. On pourrait à la rigueur la déboulonner et utiliser son assiette pour élever une salle à la mesure de la renommée et de l'histoire du handball à Skikda. La JSES a d'ailleurs proposé de participer financièrement à cette opération, mais les échos tardent à se faire entendre.» Cette situation n'incommode pas uniquement les gosses mais les responsables de la JSES également qui se retrouvent la plupart du temps contraints de penser à réduire l'effectif de l'école même si Rabah Sayad refuse catégoriquement cette option «on ne peut pas priver un gamin de son droit de faire du sport. Les gosses ne doivent en aucun cas payer les erreurs des adultes» a-t-il jugé. En attendant des jours meilleurs qui tardent à venir, on a eu à relever, sur place, une seule décision prise par l'administration en charge des sports. Cette dernière a en effet décidé de fermer le grand portail de l'enceinte pour n'ouvrir qu'une petite porte dérobée sans pour autant placarder ne serait-ce qu'un écriteau afin d'informer les enfants et leurs parents. Cette décision n'a d'ailleurs pas tardé à pousser les enfants à escalader le portail, avec tous les risques imaginables. Ainsi, à Skikda, au lieu d'ouvrir de nouvelles salles, on s'occupe à fermer les portes.