L'ICSO dit rejeter la violence comme moyen de contestation et de conquête du pouvoir et marque sa disponibilité à aller vers un dialogue avec l'Exécutif. Le sommet de l'opposition politique s'est tenu hier, comme prévu, mais à huis clos. Les membres de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO) ont adopté, dès l'entame de leurs travaux, le projet de mémorandum élaboré par une commission installée il y a quelques jours et chargée d'établir le diagnostic de la situation qui prévaut dans le pays et également le traitement des différentes lois et projets de loi proposées dans le cadre de la mise en conformité avec la nouvelle Constitution. Le constat établi est négatif, il est même amer. Pour les membres de l'ICSO, le régime politique en place a fait de la fuite en avant une méthode de gouvernance, et ce, en dépit des défis politiques, économiques et sociaux d'une gravité extrême auxquels la nation est confrontée. Les tenants du pouvoir, constatent les partis de l'opposition, ont mené le pays à des dérives dangereuses et multiplié les facteurs d'implosion pour avoir rejeté et combattu systématiquement toute initiative pour une issue politique et démocratique à la crise. Le mémorandum conclut que le pouvoir n'a qu'un objectif, celui d'utiliser tous les moyens pour empêcher toute alternative démocratique et assurer sa survie au détriment de la pérennité de l'Etat. Cette politique, avertit l'ICSO, fait peser sur le pays une menace permanente. Pourtant, les partis de l'opposition sont convaincus que le changement s'impose pour l'intérêt du pays, et que l'alternative existe. Une démarche responsable ne peut faire l'impasse sur une solution politique, pacifique, démocratique et globale à la crise. Dans le mémorandum dont nous avons obtenu une copie, l'ICSO dit rejeter la violence comme moyen de contestation et de conquête du pouvoir et marque sa disponibilité à aller vers un dialogue avec le pouvoir sur la base d'un projet, celui de la conférence de Mazafran pour une transition démocratique pacifique, tenue le 10 juin 2014. L'alternative existe «Une transition démocratique qui épargnerait à notre pays les ruptures brutales et a notre peuple les dérapages et les épreuves qu'il ne mérite pas», lit-on dans le projet de mémorandum. Tout en restant attachée à la plateforme de Mazafran et à une approche consensuelle pour une transition négociée, l'opposition affirme être déterminée à poursuivre son combat par des moyens pacifiques et porte l'entière responsabilité au pouvoir, qui reste sourds a ses appels au dialogue, l'entière responsabilité de la situation actuelle et des éventuels dérapages qui pourraient en résulter. Les rédacteurs du mémorandum relèvent le rétrécissement du champ politique et médiatique, l'atteinte aux droits et libertés individuelles et le balisage du cadre électoral pour assurer la reconduction du régime, en violation de la souveraineté populaire. Décortiquant les nouvelles lois proposés par le gouvernement et adoptées par le Parlement, les membres de la commission ayant rédigé le mémorandum pensent que le nouveau régime électoral fait subir au pluralisme politique une profonde régression. Il est destiné, de leur avis, à entretenir «la domination factice des clientèles du régime politique en place». «Il reconduit le système de la fraude en le perfectionnant pour assurer le détournement de la volonté populaire. Il empêche l'avènement d'institutions légitimes et représentatives que suppose la constitution d'un Etat de droit», souligne le mémorandum. L'ICSO est persuadée que le pouvoir veut à tout prix affaiblir l'opposition démocratique pour redessiner le paysage politique selon ses propres desiderata. Verrouillage politique «Les nouvelles contraintes imposées aux partis politiques constituent une atteinte à la démocratie et à la libre expression de la volonté populaire», déplorent les membres de l'ICSO dans ce mémorandum de 10 pages. Pour eux, la loi organique sur le régime électoral laisse intactes les niches de la fraude sur lesquelles l'instance de surveillance des élections qui n'est ni haute ni indépendante n'aura aucune prise. Au sujet de cette instance assujettie, selon l'ICSO, au pouvoir exécutif de par le mode de désignation de sa composante, elle est une pure dénaturation de la proposition de l'opposition appelant à une transition démocratique et à la mise en place d'une autorité indépendante. Cette instance instituée par la loi organique est aux antipodes de la demande pressante de l'opposition. Pour l'ICSO, cet arsenal juridique participe d'une volonté affichée du gouvernement de verrouiller encore plus le champ politique en vue des prochaines échéances électorales.