Une vue de la réunion Des malentendus ont été relevés par le RCD. La déclaration politique finale de la deuxième conférence de l'opposition adoptée hier, à Zéralda à l'ouest d'Alger comporte neuf recommandations et un appel au peuple. Il s'agit en premier lieu d'un appel à toute la classe politique, de différentes obédiences et sensibilités, à adopter l'initiative de l'Instance de l'opposition portée par la plate-forme de Mazafran 1 qui constitue la référence fondamentale de l'action de l'opposition à travers ses principes, ses objectifs et ses revendications, dont la réalité des faits a prouvé sa crédibilité et la possibilité de sa concrétisation en vue de régler l'impasse politique, la crise économique et sociale qui secouent le pays. L'Icso insiste notamment sur sa revendication phare relative à la transparence et la crédibilité dans l'organisation des élections. Les échéances électorales prochaines constituent une occasion pour concrétiser cette exigence pressante à travers la mise en place d'une instance permanente et indépendante de gestion des élections et l'amendement de la loi électorale dans le but d'offrir des garanties juridiques et administratives claires et facilement réalisables. A travers sa seconde recommandation, l'Icso invite le pouvoir réel à ne pas perdre du temps et rater une fois l'occasion pour répondre favorablement et dans l'immédiat aux revendications exprimées dans cette déclaration politique finale par la classe politique représentante des différentes catégories populaires et de larges pans de la société. Tertio, l'Icso appelle le pouvoir réel en place à un dialogue national inclusif et sérieux en vue de trouver l'issue à l'impasse politique, économique et sociale, actuelle. Tout en considérant que le régime, qui n'a d'objectif et calcul que pour sa pérennisation au pouvoir, est seul responsable du chaos actuel, l'Icso incombe l'entière responsabilité d'un éventuel dérapage mettant en péril la Sécurité nationale sur fond de dangers dus aux tensions régionales et internationales, au pouvoir en place. Cette Instance réitère son appel à l'instauration d'un Etat civil en éloignant l'armée de la sphère politique pour se consacrer à l'accomplissement de ses seules missions constitutionnelles pour éviter l'affaiblissement du consensus national autour des politiques de défense et des affaires étrangères. L'opposition qui déclare partager les inquiétudes et préoccupations des citoyens relatives aux menaces extérieures aux frontières appelle l'ensemble des Algériens à participer au renforcement du front intérieur pour parer aux tentatives d'effritement de l'Etat-nation et de morcellement du pays. L'opposition met en garde contre l'insensibilisation politique de la justice et de la Sécurité nationale dans le cadre de la lutte des clans au sein du régime. Après avoir présenté sa démarche de règlement de la crise politique complexe, elle s'engage à élaborer un nouveau projet de vision futuriste pour l'Algérie de demain. Par ailleurs, l'Icso informera l'opinion publique et la communauté algérienne à l'étranger sur les mécanismes organiques et logistiques lui permettant d'adhérer à cette initiative de lutte pour le changement démocratique pacifique et graduel. Outre des recommandations, la conférence de l'Icso a lancé un appel au peuple en vue d'adhérer et de soutenir l'initiative de l'opposition pour amorcer un sursaut national historique en guise de rempart contre les dangers internes et externes qui guettent l'Algérie, d'autant plus que le salut réside dans le consensus autour des valeurs de liberté, de justice et de participation et de non-exclusion à travers une transition démocratique consensuelle, graduelle et pacifique dans le cadre des principes de la Déclaration du 1er Novembre 1954. Eviter le chaos est tributaire de ce processus, indique-t-on. L'Icso a également adopté la charte des engagements. Parmi les absents à ce rendez-vous, on cite notamment Mohamed Nebbou, premier secrétaire national du FFS, Mouloud Hamrouche, Kamel Guemazi, Ali Benhadj de l'ex-FIS, Mokdad Sifi, Mustapha Bouchachi. Pas seulement, puisqu'on note aussi la présence des représentants de formations et l'absence de leurs chefs à l'image de Abdelmadjid Menasra, président du Parti du front du changement et surtout du président du RCD, Mohcine Belabbès. A ce propos, l'intervention du RCD reflète un certain malaise au sein de l' Icso. Certains malentendus et même des divergences au sein de l'Icso, ont été relevés. D'abord, ce parti a recadré le débat en soulignant qu'il est impératif pour avancer «de faire une évaluation sereine et sans complaisance des activités des acteurs de l' Icso». «Au vu de notre fonctionnement tel qu'attesté jusque-là, nous devons rechercher la mise en place de mécanismes qui n'ouvrent pas seulement la participation au plus grand nombre, mais aussi et surtout qui garantissent, l'engagement, la constance et la loyauté de chacun autour du minimum qui nous rassemble», est-il relevé. «Quand on veut représenter une alternative crédible à un système aussi figé que celui qui a confisqué l'indépendance, il faut être d'une lisibilité exemplaire», est-il indiqué. En faisant allusion à des acteurs du Pôle des forces du changement, il est souligné que «tant que nous n'aurons pas résolu le malentendu relatif au préalable d'assainir notre environnement politique, notre cohésion sera aléatoire, car ce même malentendu est porteur de germes des infiltrations et des instrumentalisations des clans». «Des formations politiques exigent d'entrée un processus constituant pour entamer une nouvelle dynamique qui devrait permettre de construire une architecture institutionnelle nouvelle», estime-t-on également. Faisant un clin d'oeil au FFS, il est indiqué que «la phase de transition ne s'oppose pas par principe au processus constituant. L'assemblée qui doit adopter une Constitution ne peut être le résultat d'autres élections préfabriquées. A l'inverse, la phase transitoire ne doit pas être une fin en soi.» Toutes les interventions, inaugurées par l'infatigable militant des droits de l'homme, Me Ali Yahia Abdenour, convergent vers le même constat d'échec flagrant et la faillite du régime en place. Le président de Talaiou El-Hourriyet a estimé dans son intervention que «les menaces à la sécurité de notre pays sont réelles, mais je crains que le régime politique en place se suffise de leur instrumentalisation à des fins qui lui sont propres. Et de ce point de vue, il est clair pour moi que la rhétorique sécuritaire du régime politique en place n'arrive pas à cacher ses véritables desseins: faire la diversion sur la crise du régime, acquérir une légitimité sécuritaire à défaut d'une légitimité populaire, réaliser un consensus national autour de lui pour sa survie et non autour de la défense de la patrie».