Plus de 4300 véhicules ont été incendiés depuis le 27 octobre dernier. Le député-maire d'une ville au nord de Paris, Le Raincy, a annoncé avoir pris un arrêté de « couvre-feu exceptionnel » à partir d'hier soir, première décision de ce type depuis le début des émeutes le 27 octobre dans les banlieues françaises. Ce que l'on craignait en Europe est arrivé. La contagion de la violence vers d'autres villes européennes, une hypothèse tant redoutée il y a quelques jours, a finalement eu lieu. En effet, Bruxelles, la capitale de la Belgique, est entrée à son tour dans des émeutes, quoique la violence est pour le moment circonscrite à certains quartiers de la ville où réside la communauté immigrée. Cinq véhicules au moins ont été volontairement incendiés dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé la police bruxelloise et des «heurts» jugés mineurs par les autorités locales de cette ville ont opposé des jeunes immigrés à la police et cela dans plusieurs quartiers. Les autorités de la commune où ont eu lieu les «violences» prennent très au sérieux les «incidents». Le maire de la circonscription belge n'hésite pas à souligner que le «lien avec les violences de France est plus que probable», d'autant plus que la ville de Lille (France), en proie à de violentes émeutes depuis quelques jours, est très proche de la Belgique. La police bruxelloise envisage d'ores et déjà de prendre des mesures préventives dès aujourd'hui mardi afin de parer à toute multiplication de la violence.Il faut savoir que le risque de propagation de la violence vers d'autres villes de la Belgique, voire d'autres pays d'Europe, est omniprésent. La raison en est que les problèmes de la communauté immigrée à l'étranger sont les mêmes: chômage, discrimination raciale et harcèlement policier sont le lot quotidien de cette communauté qui a tant donné à l'Europe, particulièrement après la Seconde Guerre mondiale où il fallait reconstruire très rapidement un continent dévasté et presque anéanti par Hitler. En ce temps-là, les gouvernements européens n'ont pas hésité à faire appel aux Arabes et aux Africains pour faire les tâches les plus ardues et les plus ingrates. Plus de 60 ans après, les enfants et les petits-enfants de ces « tacherons » se sont retrouvés malgré eux sur une terre qui n'est pas réellement la leur en subissant de plein fouet une véritable discrimination raciale dans des cités-ghettos qui ont fini par exploser. L'Europe, la France en particulier, aurait dû méditer sérieusement sur le sort de ces gens-là d'autant plus que le même phénomène de montée subite de la violence a été vécu déjà par les Etats-Unis d'Amérique où des millions de Noirs, excédés par le racisme des Blancs et des promesses de responsables qui n'ont jamais vu le jour, avaient crié leur ras-le-bol en descendant dans les rues et en semant un climat insurrectionnel durant des semaines. Malheureusement, le risque de contagion des émeutes à d'autres pays européens est aujourd'hui très probable, estime nombre d'observateurs. Désormais, il ne sert à rien de faire des promesses, les jeunes issus des quartiers défavorisés qui n'ont plus rien à perdre veulent du concret et ils le veulent tout de suite. Leur message est très clair et l'Europe devrait y réfléchir mûrement. En attendant, le Vieux Continent retient son souffle et la France continue de faire face à la vague d'émeutes qui se propage sur son territoire telle une traînée de poudre. D'après un dernier bilan, plus de 4300 véhicules ont été incendiés depuis le 27 octobre dernier et un millier de personnes ont été interpellées dont des dizaines ont été condamnées à des peines de prison ferme. Le président Jacques Chirac, après dix jours de violence, a enfin rompu le silence dimanche soir et a annoncé un nouveau renforcement de l'action de la police et de la justice et a promis «l'égalité des chances pour tout le monde». Ceci au moment où la presse mondiale était hier unanime pour dire que les émeutes qui se déroulent actuellement en France sont les plus graves depuis mai 1968. Plusieurs journaux n'ont pas hésité à accuser la France d'avoir lamentablement échoué dans ses différentes politiques d'intégration. Le danger qui guette actuellement aussi c'est le Front national (FN) qui commence à s'agiter. Le parti extrémiste de Jean-Marie le Pen saisira sûrement cette occasion lors des prochaines élections municipales pour demander tout bonnement le départ de tous les immigrés de la France. Le véritable danger réside dans le risque d'affrontements que pourraient provoquer à leur tour les propos racistes et xénophobes du FN qui va sûrement exploiter à fond les événements actuels.