La France, premier fournisseur de blé de l'Algérie, ambitionne d'exporter 6 millions de tonnes de blé tendre durant la campagne commerciale 2016-2017, contre 6,2 millions de tonnes durant la campagne 2015-2016, en dépit d'une récolte nationale jugée catastrophique, a annoncé hier à Alger Paul Martin, représentant du syndicat français du commence extérieur. Celui-ci s'exprimait lors des Rencontres franco-algériennes des céréales, tenues à l'hôtel El Aurassi, organisées par France Export Céréales, et en présence de l'ambassadeur de France en Algérie. «Nous avons puisé dans les anciens stocks pour répondre aux besoins de l'Algérie», a précisé Paul Martin. Depuis juillet dernier, date de l'ouverture de la campagne commerciale, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), unique importateur de céréales en Algérie, a déjà acheté au total 2,6 millions de tonnes de blé auprès de la France, premier exportateur européen, a-t-il ajouté. L'Algérie, troisième plus gros acheteur de blé au monde derrière l'Egypte et l'Indonésie, achète une moyenne annuelle de six millions de tonnes de blé français. «Sur les très bonnes années, l'Algérie achète 95% de ses besoins en blé en France. Mais cette année, on ne pourra pas fournir les 95% parce qu'on n'a pas les niveaux disponibles», a souligné de son côté Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales. En 2014, année de l'entrée en vigueur d'un nouveau cahier des charges mis en place par l'OAIC, le blé français représentait 65% des achats de blé de l'Algérie contre près de 80% en 2015, selon lui. L'année dernière, la récolte française de blé avait atteint un niveau exceptionnel de 41 millions de tonnes. Cette année, elle est de l'ordre de 28,5 millions de tonnes, en baisse de 12,5 %. La raison ? Les champs de blé ont souffert des mauvaises conditions météorologiques. Il s'agirait de la plus faible production depuis 13 ans, un phénomène qui affecte la santé financière des exploitations céréalières et va réduire les capacités exportatrices du pays. «En année normale, nous exportons 50% de notre production de blé. Cette année, je pense que l'on va exporter 35% (...). Les arbitrages se feront en fonction du marché et de l'acheteur», a noté Jean-Pierre Langlois-Berthelot, relevant que les anciens stocks sont actuellement presque épuisés. Cette baisse drastique de la récolte française arrive au moment où les autres grands pays à blé, que sont les Etats-Unis, le Canada, l'Ukraine ou la Russie, connaissent eux une production record, ce qui fait baisser les cours mondiaux. Le Conseil international des céréales avait prévu une récolte mondiale pratiquement au même niveau que celle, déjà record, de l'été 2015, à quelque 730 millions de tonnes.