La France, les Etats-Unis et l'Union européenne se joignent à la Russie et l'Egypte pour faire pression sur Kobler et El Sarraj afin de donner une place à Haftar dans le schéma de sortie de crise en Libye. Il s'agit, selon ces pays, de récompenser l'homme fort de l'Est libyen, puisque sa reprise des ports du croissant pétrolier a fait monter la production de 250 000 à 550 000 barils/jour. L'évaluation des pays européens et des Etats-Unis de la situation en Libye a carrément changé concernant le maréchal Khalifa Haftar après sa remise de la gestion des ports du croissant pétrolier aux institutions civiles. Lesquels pays commencent également à avoir des doutes concernant l'efficacité du gouvernement de réconciliation de Fayez El Sarraj, comparativement avec la reprise notable de la stabilité dans l'est de la Libye. En effet, dans l'Est, seules l'armée et la police officielles ont le droit d'opérer des contrôles alors qu'à Ouest, les groupes armés continuent à imposer leur loi. Cette approche a par ailleurs été pratiquement confirmée lors du passage, la semaine dernière, à Paris de Mustapha Sanaallah, président de la Société nationale de pétrole en Libye (SNPL), qui a mis l'accent sur le redémarrage tous azimuts du secteur pétrolier. «La production a déjà atteint 551 000 barils/jour et parviendra à la hauteur d'un million de barils/jour d'ici la fin de l'année», a-t-il déclaré. Mustapha Sanaallah relève pourtant de l'autorité du gouvernement de Fayez El Sarraj. Le président du SNPL était à Paris pour des négociations avec les sociétés Total et Schlumberger. C'est dire que les choses bougent dans le dossier libyen. Percée Au-delà du volet militaire, les députés libyens proches du maréchal Khalifa Haftar et du président du Parlement, Salah Aguila, mènent une offensive diplomatique en direction de l'Europe et des Etats-Unis. Une délégation, composée des député Tarek Jrouchi, général Aoun Brahim Salem et colonel Khaled Ali Faraj, a été accueillie au Parlement européen à Bruxelles, lors d'une séance plénière, organisée par le groupe libéral, pour présenter une autre vision de la crise que traverse la Libye. Pour présenter le débat, le député espagnol Javier Nart, membre de la commission des affaires étrangères et de la défense, a mis l'accent sur la différence entre le soutien international dont bénéficie un gouvernement et son impact réel sur le terrain. Javier Nart parlait en l'occurrence de celui d'El Sarraj et comparait entre la stabilité progressive dans l'Est libyen grâce à l'armée et la continuité du pouvoir des groupes armés à l'Ouest, qui est sous l'autorité théorique de ce gouvernement soutenu par la communauté internationale. Par ailleurs, l'envoyé américain en Libye, Jonathan Winer, multiplie ses contacts avec les belligérants de la crise libyenne, en appelant à davantage de place pour Haftar et l'Est. Lors de son dernier passage au Caire, il a approuvé l'idée égyptienne de renforcer les institutions légitimes qui sont le Parlement, le gouvernement de réconciliation et l'armée. Personne, sur la scène internationale, ne peut plus désormais ignorer l'impact très positif de la présence de l'armée nationale libyenne sur la stabilité dans cette région.