L'ancien Premier ministre, Alain Juppé, candidat à la candidature présidentielle dans le camp de la droite et du centre double Nicolas Sarkozy sur sa gauche et cela lui réussit pour l'instant, car dans le dernier sondage publié dimanche, il devance l'ancien président dans la course à l'élection primaire des 20 et 27 novembre. Notamment sur les sujets liés à l'islam, à la laïcité, à l'identité et au terrorisme, Alain Juppé marque sa différence avec cette accroche : «Toutes les campagnes électorales sont propices à un durcissement des positions des uns et des autres. D'une certaine manière, j'ai aussi durci la mienne, en persistant et en signant sur l'identité heureuse.» Avec ce visage positif, face aux crispations autour d'une identité nationale qui serait menacée, Alain Juppé tiendrait la martingale pour emporter la présidentielle en 2017 contre Marine Le Pen du Front national (scénario le plus souvent évoqué par les sondages pour le second tour, le président sortant François Hollande ayant peu de chance, selon les sondages actuels). Pour le maire de Bordeaux, il faut donc tout de suite aborder un discours centriste rassembleur contre les excès de l'extrême-droite que Sarkozy veut flatter, alors qu'il pourrait échouer face à Le Pen s'il présente face à elle un copier coller de ses thèses. Dans Le Monde, Juppé a prévenu du danger de la dérive droitière : «Il faut calmer le jeu. Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile.» «De manière générale, il y a ceux qui ressassent le passé et ceux qui regardent l'avenir. Moi, je préfère parler aux jeunes Français de la transformation numérique du monde ou des nouveaux modes de développement économique qu'il faut inventer pour lutter contre le réchauffement climatique, dont nous sommes responsables. Je ne veux pas ressasser indéfiniment l'histoire.» Et d'ailleurs, «ce n'est certainement pas aux responsables politiques d'écrire l'histoire. Laissons ça aux historiens». Sur l'islam, pour Alain Juppé, «il faut faire preuve de bon sens et ne pas verser dans une laïcité extrémiste». Pour lui, il est nécessaire d'«apaiser le climat qui règne aujourd'hui en France. Le simple mot ‘musulman' suscite une hystérie disproportionnée ! (…) Un musulman n'est pas un terroriste. La majorité silencieuse des musulmans est aux antipodes de toute radicalisation. Qu'elle le dise et qu'elle se structure !»