Sidi Ghilès est une localité côtière située à l'ouest de Tipasa (33 km). C'est avec beaucoup d'émotion que le personnel de l'Etablissement public hospitalier du village participe à la mise en service d'une IRM, censée atténuer les souffrances des malades, qui devaient jusque-là parcourir plusieurs kilomètres pour un simple examen. Chronique d'une journée pas comme les autres… Un événement médical inédit a eu lieu, le 7 octobre, au centre d'imagerie médical de l'Etablissement public hospitalier (EPH) de Sidi Ghilès, localité côtière située à l'ouest de Tipasa (33 km), plus exactement au service de l'IRM. Ce fut un cas d'étude pour les jeunes médecins radiologues et le personnel paramédical. L'équipe était stressée et heureuse à la fois, sachant ce qui l'attendait. Cet événement était très symbolique, au moment où le peuple algérien s'apprête à célébrer le 62e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Contre vents et marées, des efforts avaient été bien faits par les gestionnaires pour équiper le centre d'imagerie médicale de cet EPH de tous les équipements (scanner, IRM, mammographie, échographie, radiologie), afin d'atténuer les souffrances des patients. Il est 9h45, quand le premier patient, assis sur une chaise roulante, a été invité par le personnel médical pour le préparer à passer une l'IRM. L'équipe médicale et paramédicale avait du mal à dissimuler son émotion. Le silence était pesant. Ignorant l'événement, des citoyens attendaient leur tour pour être consultés, d'autres étaient en quête d'une inscription pour un rendez-vous. Le directeur de l'EPH ne cessait pas de faire le va-et-vient entre son bureau et le service de l'IRM. Il discutait avec le personnel, mobilisé déjà avant l'entame de l'IRM. En effet, c'est la première fois qu'un malade sera soumis à l'examen au service de l'IRM, après avoir subi une injection. L'infirmier avait déjà ramené les médicaments. A l'issue d'une courte discussion avec le patient, l'injection a été faite. L'atmosphère devient insupportable. Toute l'équipe craignait la réaction du patient. Quelques instants après l'entrée du malade, la Pr en anesthésie et réanimation, Bouderra Salima, venue de l'EHS de Cherchell pour s'assurer du bon fonctionnement du nouvel équipement (IRM) et portant une blouse blanche, pénètre dans le service. Quelques minutes plus tard, Pr Bouderra, souriante, raconte : «Ca se déroule positivement. Sachez que la wilaya de Tipasa vient d'enregistrer en ces moments précis, pour la première fois, la mise en marche de l'IRM. Nos malades n'iront plus dans les wilayas de Blida et d'Alger pour effectuer l'IRM. Vous vous rendez compte, nous n'allons plus mobiliser une ambulance et du personnel pour accompagner nos malades, en plus du handicap du trajet quand il s'agit d'une urgence. Désormais, les citoyens de la wilaya de Tipasa possèdent leur IRM, c'est extraordinaire pour le secteur de la santé publique.» Les médecins radiologues, Abbas Lynda, et sa consœur Yalaoui, l'assistant post-injection, Aïssou Karim (Amar), le coordinateur Djeddou Mourad, les techniciens en radiologie, Bouamra Aboubakr et Wahiba B. affichaient leur bonheur sous le regard du directeur de l'EPH après le passage du premier malade à l'IRM. Le hasard a voulu que le premier patient à passer à l'IRM s'appelle Ghebalou Ahmed, connu sous le pseudonyme H'mimed. Déjà victime de deux AVC, il parlait difficilement, en raison de la gravité de son état de santé. «Vive la jeunesse, je vous remercie, je suis comblé, vous êtes le présent et l'avenir de notre pays, il faut continuer à travailler pour le pays et ses citoyens malades, je suis très fier, barak Allah ou fikoum», conclut-il. Chargé de l'organisation des maquis de la partie ouest de la Wilaya IV par les responsables de l'ALN, le patient est âgé à présent de 80 ans. Il faisait partie des 21 premiers lycéens, éclaireurs, choisis par Abane Ramdane afin qu'ils rejoignent les maquis, bien avant l'appel du FLN du 19 Mai 1956. A l'époque, les jeunes étudiants activaient au sein de 5 cellules à Alger. Le moudjahid et historien Gaïd Tahar, frère de l'héroïne Malika Gaïd, membre fondateur de l'UGTA, était désigné par Abane Ramdane au poste de coordinateur des 5 cellules. Ghebalou Ahmed faisait partie du groupe composé de Amara Rachid, Saci Boulefaâ, Boudissa, Meriem Benmihoub, Houria Baâziz, Fadhéla Mesli. Ces derniers avaient rejoint les maquis de la Wilaya IV (Blida). Leurs camarades, Lounici, Omar Aouchiche, Lamraoui Ali, Lamraoui Mahmoud, Maâabout Hocine avaient rejoint les maquis de la Wilaya III (Kabylie). Le jeune Saber Mustapha avait rejoint la Wilaya VI. Touati Ahmed et Zoulikha Bekadour étaient affectés à l'Oranie. Le personnel médical et celui du service de l'IRM de l'EPH, qui ignoraient le passé de leur patient, ont affiché leur bonheur, après avoir pris connaissance de son parcours durant la Révolution, un moudjahid authentique au passé historique, qui continue à raser les murs. Une photo a été prise pour immortaliser ces instants inédits et historiques pour l'EPH. L'événement inédit est passé sous silence. L'IRM désormais, fonctionne.