Nous sommes des représentants du peuple et non du gouvernement. Le Parlement doit écouter et prendre en charge les préoccupations des citoyens. C'est sa première mission.» Cette mise au point est celle des parlementaires de l'opposition qui mènent actuellement des tractations pour que la commission santé et éducation de l'APN «daigne» recevoir les syndicats autonomes initiateurs du débrayage de deux jours pour protester contre le contenu du projet de loi portant suppression de la retraite anticipée. Selon les parlementaires, la commission n'a pas fait son travail convenablement dès lors qu'elle a fait dans le deux poids deux mesures. «La commission devait ouvrir un débat sur la question de la retraite qui divise les travailleurs et non un monologue. Elle doit écouter les arguments des différentes parties et ne pas faire dans l'exclusion. Il y a eu une injustice et nous pensons qu'elle va rattraper le coup en organisant une autre réunion avec les syndicats contestataires du projet», nous a confié un député. Douze représentants de ces organisations autonomes ont été reçus à l'APN par les groupes parlementaires de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) et du Parti des travailleurs (PT). Devant les parlementaires, les syndicats ont protesté contre leur exclusion du débat. Ils ne comprennent pas pourquoi la commission santé les a «zappés» alors que les autres syndicats, y compris l'UGTA, ont été invités à donner leur avis sur le dossier. Abordant le fond du problème, les syndicats sont persuadés que le gouvernement a l'intention d'utiliser la retraite anticipée pour compresser les effectifs et ils avancent le chiffre de 70 000 départs prévus dans le secteur de l'éducation nationale. Les représentants des travailleurs rejettent dans le fond et dans la forme les arguments avancés par les différentes parties concernant le déficit de la Caisse nationale de retraite (CNR). Ils ont expliqué aux députés que les dispositions contenues dans cette loi ont été mises en place dans les années 1990, alors que le pays vivait une situation de crise absolue sur les plans économique, politique, sécuritaire et social. Une situation qui n'a rien à voir avec la situation actuelle. «Le déficit de la CNR, avancé dans le rapport du CNES pour le 1er semestre 2015, est de 2,7 milliards de dinars, alors que pour la période 2010-2014 l'équilibre était assuré. Ce qui renvoie à considérer que plus de 5 millions de travailleurs sont passés au statut de retraité durant l'année 2014/2015», a expliqué Lyes Merabet du SNPSP. Pour les syndicats, les chiffres alarmants mais contradictoires avancés par les représentants de la CNR et d'autres institutions officielles, comme l'ONS et le CNES, consolident le doute. Ils ont relevé les contradictions en matière de chiffres avancés par les responsables du CNES et ceux de la CNR : «Dans le rapport du CNES, jusqu'en 2014, le nombre de retraités en proportionnelle était de 120 000. Il est annoncé à 497 000 fin 2015, alors que les responsables de la CNR parlent de 900 000. Qui croire ?» Les syndicalistes rappellent les assurances du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, en juin dernier, quant à l'état de santé de la CNR. «Aujourd'hui, le pouvoir tient un autre discours, mais nous, en tant que représentants des travailleurs, nous rejetons les arguments liés au déficit de la CNR», explique M. Merabet. Notons que les syndicats ont saisi tous les partis siégeant a l'APN, y compris les indépendants, pour leur expliquer les motifs de leur rejet de ce texte de loi.