La 7e édition du Festival culturel du tapis d'Aït Hichem, dont le coup d'envoi a été donné dimanche à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, se poursuit jusqu'à demain avec la participation d'une quarantaine de femmes tisseuses. C'est pour valoriser ce produit artisanal et ouvrir les voies de la commercialisation aux tisseuses qui vivent de ce métier que le Festival culturel du tapis d'Aït Hichem est organisé à Tizi Ouzou. Elles étaient une quarantaine d'artisanes à prendre part à cette 7e édition inscrite sous le thème «Les femmes d'Aït Hichem gardiennes de la mémoire». Toutes ont un point commun : la passion du métier à tisser et en faire un moyen de vivre. «Je me suis initiée au tissage du tapis depuis plus de trente ans, et je vous avoue que j'adore ce métier», lance Djamila. Elle occupe un stand dans le hall de la maison de la culture qu'elle a bien pris soin de parer avec de magnifiques tapis aux multiples couleurs et dimensions. Elle se dit ravie de sa participation. «Nous aurons peut-être la chance d'écouler quelques tapis», espère-t-elle. Nouara est assise juste à côté d'elle et s'affaire à entrecroiser les fils sur son métier à tisser. Elle souligne pour sa part qu'il devient de plus en plus difficile de vendre le produit. «Les clients trouvent que c'est trop cher. Ils ignorent toutefois dans quelles conditions sont fabriqués ces tapis. Nous faisons face à de nombreuses difficultés. C'est d'abord un travail qui nécessite énormément de temps». Le tapis qu'elle prenait soin de tisser en compagnie de Souad, son ouvrière, sous les yeux curieux des visiteurs, ne sera achevé que dans un mois à condition de garder toutes deux ce même rythme de travail au quotidien. Le prix de 40 000 DA qui sera affiché à sa vente, une fois achevé, n'est qu'une «reconnaissance de ce travail de longue haleine», note notre interlocutrice, ajoutant qu'«il faut aussi trouver la matière première qui se fait de plus en plus rare. Nous sommes obligées de nous déplacer nous-mêmes à Ghardaïa pour ramener ces fils de laine pure». Des fils prêts à l'emploi plutôt que des toisons de laine en vrac, car «de moins en moins, de femmes maîtrisent le savoir- faire de carder et filer la laine», affirme Nouara. En raison de ces difficultés et de la commercialisation, certains utilisent les matières synthétiques. Ceci d'ailleurs empêche l'estampillage des tapis nécessitant entre autres critères de reconnaissance de sa qualité, l'utilisation d'une pure matière première. Il existe néanmoins toujours des tisseuses qui veillent à ce que le tapis soit de meilleure qualité. En témoigne ce produit auquel les représentants du centre d'estampillage de Tipasa ont accordé une marque de garantie lors de la séance prévue à cet effet lundi. Le tapis d'Aït Hichem comptera ainsi sur le dévouement des femmes du village afin de sauvegarder son caractère ancestral et s'imposer sur le marché national, voire international. Un but que certains auraient souhaité réaliser avec le festival au sein du village pour encourager le tourisme artisanal. Sauf que pour les organisateurs «la délocalisation de la manifestation est une ouverture vers l'extérieur et une chance de commercialisation», soutient le commissaire du Festival, Ould Belaïd Mokrane. La ministre déléguée chargée de l'Artisanat, Aïcha Tagabou, ayant pris part à la cérémonie d'ouverture, a estimé elle aussi que «l'attractivité est au chef-lieu de la wilaya».