La démission «forcée» de Amar Saadani du poste de secrétaire général de l'ex-parti unique suscite des inquiétudes dans les rangs de ses «proches» et «hommes de main». Les députés ayant eu accès, grâce à lui, à des postes de responsabilité au sein des structures et instances dirigeantes du parti craignent pour leur avenir. Ils redoutent une reconfiguration organique du FLN qui les mettrait à la marge du parti, notamment en prévision de la préparation des prochaines élections législatives et présidentielle. Quelques jours avant la destitution du controversé Saadani, ses opposants avaient lancé une pétition à l'APN pour l'éviction de Mohamed Djemaï de la présidence du groupe parlementaire. Ce bras droit de Saadani était déjà contesté par la moitié de ses pairs au lendemain de sa désignation à ce poste très convoité. Indétrônable à l'époque grâce à sa proximité avec Saadani, Mohamed Djemaï n'est pas rassuré par le nouveau secrétaire général. Surtout que Djamel Ould Abbès tend la main aux frondeurs qui semblent décidés à aller au bout de leur action afin de détrôner Mohamed Djemaï et déposséder de leur responsabilité Bahaeddine Tliba et ses amis. Le député Mouad, ennemi juré de Saadani, rappelle que «Djemaï et Tliba n'auraient jamais pu sortir de l'ombre ou se hisser à un tel niveau de responsabilité sans Saadani». Il est clair que le départ précipité de Saadani profitera, selon nos sources, à ses adversaires. La désignation de Djamel Ould Abbès au poste de secrétaire général du FLN et son appel à l'unification des rangs et à dépasser les querelles a poussé les adversaires de Saadani à surseoir, pour l'heure, à leur action au niveau de l'APN. «La quasi majorité des députés veulent le départ de Djemai et ses amis. Seulement, pour l'heure, nous sommes dans l'expectative. Nous attendons ce que Djamel Ould Abbès va proposer. S'il décide d'assainir les rangs du FLN des imposteurs et des détenteurs de l'argent sale pour travailler avec les militants authentiques, nous serons donc au premier rang à ses côtés. Dans le cas contraire, nous relancerons notre pétition», affirme le député Mouad. Les parlementaires marginalisés par Saadani attendent un geste de la part d'Ould Abbès auquel ils demandent d'écarter «les magouilleurs politiques» qui veulent utiliser le FLN pour s'enrichir davantage et qui portent atteinte aux institutions de l'Etat de par leur incompétence. «Les députés et militants ayant versé des larmes à l'annonce de la démission de Saadani savent que le départ de leur parrain n'augure rien de bon pour eux. C'est tout simplement la fin des privilèges», affirment des parlementaires frondeurs. Néanmoins, Ould Abbès a assuré qu'il n'était pas venu pour régler des comptes mais plutôt pour l'union et la réconciliation au sein du parti mais sous conditions.