Le FFS souligne que ses réserves portent sur la démarche ayant présidé à la création de cette haute commission de surveillance des élections. Le Front des forces socialistes (FFS) refuse d'apporter un «jugement» sur la personne proposée par le président de la République pour être à la tête de la Haute commission de surveillance des élections. Le plus vieux parti de l'opposition souligne que ses réserves portent sur la commission elle-même et non pas sur la personne de celui qui va la présider. Dans une réponse à la correspondance de la présidence de la République sollicitant le point de vue du parti sur la nomination de Abdelwahab Derbal à la tête de cette commission, le premier secrétaire du FFS, Abdelmalek Bouchafa, explique ce refus par l'absence de «pré-requis politiques et institutionnels» qui feraient de la mise en place de cette commission «un apport effectif à l'amélioration de l'exercice électoral» en Algérie. Le parti de feu Hocine Aït Ahmed estime que «commenter une nomination à la tête d'une structure est un usage qui n'a de sens que si on cautionne les conditions de mise en place de la structure en question qui émane d'une Constitution non consensuelle». Il est donc évident pour ce parti qu'il n'est «pas utile d'apporter un jugement sur la personne quand c'est sur la démarche ayant présidé à la création de la structure que portent ses réserves». Pratiques Le plus vieux parti de l'opposition affirme que son combat politique ne peut pas être contenu dans «un simple formalisme sans prolongement dans les pratiques effectives du pouvoir». Il rappelle sa proposition de changement profond des pratiques politiques en usage depuis des décennies. «Le simple formalisme dans le dialogue et la concertation sont aussi peu susceptibles d'améliorer les conditions de l'exercice politique que ne l'est le formalisme dans l'exercice démocratique dans notre pays», soutient le FFS qui rappelle ses positions constantes pour faire sortir le pays du statu quo. «Depuis des décennies, le FFS n'a cessé de faire des propositions de sortie de crise pacifique, organisée et contractuelle dans laquelle le dialogue et la concertation ne seraient pas de pure forme et ouvriraient la voie à la reconstruction du consensus national qui manque cruellement à notre pays», relève M. Bouchafa. Le FFS, ajoute-t-il dans sa réponse, «considère l'absence de consensus national sur les conditions d'exercice du pouvoir et sur les conditions de la gouvernance du pays comme la cause principale des dysfonctionnements qui sapent la confiance des citoyens dans la représentation sociale et politique». Gravité de la crise Le FFS défend dans ce sillage la place et le rôle politique de l'opposition. Il assure que l'opposition n'est nullement à l'origine du discrédit de l'acte politique. «Loin d'être une preuve de la ‘‘faiblesse de l'opposition'', comme se plaisent à le déclarer en de nombreuses occasions les représentants du pouvoir, le manque de confiance des citoyens dans la qualité de l'exercice politique est l'indice de la gravité de la crise politique nationale», écrit le premier secrétaire, pour qui «la crise nationale a commencé dans la fracture entre gouvernants et gouvernés, puis s'est élargie à l'ensemble de l'exercice politique et institutionnel. Elle s'est désormais aggravée en une dépolitisation quasi-générale». Pour le plus vieux parti de l'opposition, l'encouragement de la dépolitisation de la société joue contre l'intérêt national et met en péril l'avenir du pays. C'est même «une menace extrêmement grave sur la cohésion sociale, la paix civile et la foi dans le rôle de l'Etat». Le FFS reste attaché à ses propositions de sortie de crise et à sa démarche visant «la reconstruction d'un consensus national qui mettrait fin au formalisme actuel». Un formalisme qui «vide l'exercice institutionnel de tout prolongement positif sur le terrain de la gouvernance au profit de forces intervenant de manière formelle et informelle et dont les agissements alimentent le mécontentement social et paralysent tous les recours, laissant le champ libre à la colère». Le FFS estime que la sécurité et la stabilité ne peuvent pas être utilisées pour bannir la critique et faire passer toutes les dérives de gouvernance. Reconnaissant que la situation régionale et internationale est marquée par des «bouleversements en cours», le FFS affirme que cela ne doit être en aucun cas utilisé comme «un alibi» pour «anesthésier» la société et la classe politique. Changement en profondeur «On ne peut répondre au changement effectif du monde par un changement de pure forme dans l'exercice du pouvoir», souligne M. Bouchafa, qui met en avant les «défis» auxquels fait face notre société. Pour ce parti, la représentation sociale ne peut émaner que d'un changement «en profondeur» des conditions de l'exercice institutionnel et politique. «Une véritable représentation sociale et politique du peuple algérien passe par une mobilisation de l'ensemble des compétences et énergies nationales dans un cadre institutionnel démocratique enfin capable de mettre les ressources matérielles et immatérielles de l'Algérie au service des Algériens», affirme M. Bouchafa, selon lequel l'absence d'un tel changement ne peut qu'accentuer la crise. «Nous ne cesserons pour notre part d'attirer l'attention des autorités, de mobiliser nos partenaires sociaux et de prendre à témoin nos compatriotes sur le caractère purement formel d'une politique qui refuse de s'attaquer aux racines de la crise», assure-t-il dans la réponse adressée à la Présidence. Le combat actuel du plus vieux parti de l'opposition est de «réaliser le consensus le plus large possible autour d'une sortie pacifique et ordonnée de cette crise qui risque d'emporter notre pays dans la tourmente qui frappe toute la région».