La proposition de la présidence de la République de nommer Abdelwahab Derbal à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections est loin de faire l'unanimité. Après Talaie El Hourriyet d'Ali Benflis, le RCD et d'autres partis, c'est au tour du plus vieux parti de l'opposition de refuser de cautionner cette nomination et de contester l'instance elle-même. «Le FFS n'estime pas utile d'apporter un jugement sur la personne quand c'est sur la démarche ayant présidé à la création de la structure que portent ses réserves», a expliqué le parti dans sa réponse à la correspondance de la présidence de la République. Dans ce courrier signé par le premier secrétaire, Abdelmalek Bouchafa, justifie sa position par l'absence des prérequis politiques et institutionnels qui feraient de la mise en place de la commission de surveillance des élections un apport effectif à l'amélioration de l'exercice électoral dans notre pays. «Le FFS estime que commenter une nomination à la tête d'une structure est un usage qui n'a de sens que si on cautionne les conditions de mise en place de la structure en question qui émane d'une constitution non consensuelle», explique encore le parti. En refusant de commenter le choix du chef de l'Etat, le FFS ne s'est pas empêché de réitérer sa proposition de changement des pratiques politiques en usage depuis des décennies qui font de la consultation politique un formalisme sans prolongement dans les pratiques effectives du pouvoir. Il considère que le simple formalisme dans le dialogue et la concertation est aussi peu susceptible d'améliorer les conditions de l'exercice politique. Le FFS a saisi l'occasion, comme il n'en rate aucune, pour réitérer son initiative de reconstruction du consensus national. Un tel projet mettrait fin, selon lui, «au formalisme actuel qui vide l'exercice institutionnel de tout prolongement positif sur le terrain de la gouvernance au profit de forces, intervenant de manière formelle et informelle, et dont les agissements alimentent le mécontentement social et paralysent tous les recours laissant le champ libre à la colère». Il considère l'absence de consensus national sur les conditions d'exercice du pouvoir et sur les conditions de la gouvernance du pays comme «la cause principale des dysfonctionnements qui sapent la confiance des citoyens dans la représentation sociale et politique». Pour lui, la crise nationale a commencé dans la fracture entre gouvernants et gouvernés, puis s'est élargie à l'ensemble de l'exercice politique et institutionnel. «Le FFS considère que la dépolitisation de la société, que certains encouragent dans le but de se dégager de tout contrôle et de toute reddition de comptes, constitue une menace extrêmement grave sur la cohésion sociale, la paix civile, la foi dans le rôle de l'Etat et le devenir national», affirme-t-il. Face à tous les défis qui se posent à notre pays et à notre société, le FFS trouve que «seul un changement en profondeur des conditions de l'exercice institutionnel et politique peut créer les conditions d'une saine représentation sociale et politique». «Les pratiques politiques en vigueur depuis des décennies sont un rempart à l'émergence d'une véritable représentation sociale et politique», explique-t-il, estimant qu'une véritable représentation sociale et politique du peuple algérien passe par une mobilisation de l'ensemble des compétences et énergies nationales dans un cadre institutionnel démocratique.