A la faveur de la 21e édition du Salon international du livre d'Alger, la poétesse bulgare, Vera Kitova, s'est dévoilée, hier, lors d'une rencontre avec le public. Avec des mots pleins de tendresse et une voix étouffée par l'émotion, la poétesse, artiste-peintre et médecin, Vera Kitova, n'a pas caché son amour pour l'Algérie. Un pays qu'elle a découvert en 1962 et qu'elle continue d'aimer dans son cœur et dans son âme. Ses toiles, d'ailleurs, renseignent sur cet amour indéfectible qu'elle porte à ce pays qui l'a accueillie durant sept ans. Elle indique qu'elle est arrivée en Algérie le 10 novembre 1962, dans le premier avion, avec des médecins, des sages-femmes et des infirmiers bulgares. «J'y suis restée, confie-t-elle, jusqu'en 1968, à la demande du regretté premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella. A l'époque, les hôpitaux étaient vides de médecins, d'infirmiers et de médicaments. C'était la lutte au quotidien contre la mort pour ces milliers de malades qui venaient se soigner. J'étais affectée à l'hôpital Che Guevara de Mostaganem.» Quelques mois plus tard, elle fonde avec le directeur de l'époque de l'hôpital de Mostaganem, M. Berber, un service de pédiatrie. «Nous avons mis deux ans pour ouvrir ce centre avec une fierté incommensurable. Dans ce service de pédiatrie, il y avait l'acharnement et la disponibilité. A l'époque, les médecins bulgares étaient éparpillés un peu partout au niveau de l'Afrique, mais le plus grand nombre était concentré en Algérie. Maintenant, fort heureusement, les hôpitaux algériens sont remplis de leurs compétences», dit-elle. La conférencière Vera Kitova rappelle qu'à cette époque charnière de l'histoire algérienne, les coopérants étaient méfiants vis-à-vis de l'OAS. «Je me rappelle que sur le toit de certaines maisons, il y avait des gens de l'OAS qui pouvaient nous tuer. Cette organisation a fait plusieurs tentatives pour tuer les coopérants. Malgré tout cela, nous nous sommes cantonnés dans notre rôle, celui d'aider les malades et de combattre certaines maladies infectieuses», se souvient-elle. La poétesse frôle une deuxième fois le sol algérien en 2013 à la faveur d'un pèlerinage à travers trois villes de l'Algérie. Si Vera Kitova a sillonné plusieurs autres pays, dont la Tunisie, où elle est restée 7 ans pour aider ce pays à se reconstruire dans le domaine hospitalier, elle avoue que l'Algérie reste, pour elle, un pays de cœur qu'elle ne saurait oublier. De cette nostalgie et cet amour pour ce pays d'accueil, elle va écrire un premier ouvrage intitulé Page d'un ambassadeur en blanc, où elle raconte ce qu'elle a vu et vécu en Algérie. Elle va écrire un deuxième recueil de poésie poignant et plein de tendresse, intitulé Algérie sublimée, édité par l'ENAG. En effet, elle va coucher sur le papier toute sa douleur loin de ce pays. L'ensemble de la production de Vera Kitova se caractérise par des poèmes déchirants, alternant avec des poèmes solaires. Pour cette mordue de la culture ensablée algérienne, l'Algérie est un pays de bonheur. «Vous qui vivez ici, vous ne pouvez pas le comprendre. Moi qui viens de loin, je peux comprendre cela. L'Algérie est restée dans mon cœur pour toujours. Il y a certains pays dans le monde où il fait bon de vivre. On peut tomber amoureux d'un pays toute sa vie et cela ne peut pas s'estomper», lance-t-elle avec des perles de larmes. Vera Kitova sait jongler habillement avec ses trois passions. La journée, elle exerce sa fonction de médecin à Sofia, en Bulgarie ; le soir, elle tisse ses vers. Et le dimanche, elle s'adonne à la peinture sur son chevalet et ses pinceaux peignent l'Algérie et l'Afrique, ses coutumes et ses traditions. Autre fierté pour cette dame au grand cœur que de se présenter, chaque année, au Salon du livre de Paris, avec ses œuvres, brossant la beauté et la grandeur de l'Algérie. Il est à noter que Vera Kitova est en train de plancher sur un quatrième recueil de poésie intitulé Algérie, pays de bonheur.