Expert national senior à la Coopération régionale pour une gestion durable des ressources en eau au Maghreb (Crem), Mohamed Amokrane Abdelli est chercheur émérite dans le monde. Dans cet entretien, il explique les enjeux de l'eau et attire l'attention sur les défis alimentaires dans l'espace maghrébin. Nous l'avons rencontré à Tlemcen. - Vous venez d'organiser à Tlemcen un colloque maghrébin sur l'eau. Pourquoi ? Les Journées scientifiques maghrébines sous le thème «L'eau, un enjeu pour la sécurité alimentaire au Maghreb» est l'une des activités scientifiques du projet Coopération régionale pour une gestion durable des ressources en eau au Maghreb. Après les journées scientifiques en Tunisie sous le thème «La réutilisation des eaux usées», cette édition en Algérie vise à promouvoir et à encourager la recherche universitaire en relation avec la thématique principale de l'événement qui est l'eau comme enjeu pour la sécurité alimentaire au Maghreb. C'est une rencontre des universitaires maghrébins (doctorants, chercheurs…) avec les représentants des partenaires institutionnels comme l'Agence nationale des ressources hydrauliques et la Société des eaux et assainissement de la ville d'Alger, l'Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) et l'Ecole polytechnique d'Alger, et ce, en présence d'un expert autrichien dans le domaine. C'était une occasion pour partager les acquis et les expériences entre les acteurs en étroite relation avec le secteur eau et l'économie de l'eau. Cet événement scientifique, le premier en Algérie, se présente comme une assise pour instaurer une bonne pratique maghrébine en matière de promotion du travail de recherche académique et pour favoriser les échanges entre universitaires, institutionnels, opérateurs économiques et acteurs de la société civile. - Vous en êtes sortis avec quelles conclusions ? Les différents échanges entre les universitaires et professionnels des trois pays du Maghreb et d'Autriche était l'occasion de tirer la sonnette d'alarme sur la nécessité de créer un espace de coordination régionale et de fédérer les efforts pour faire face à la gestion des ressources en eau et aux défis alimentaires de notre espace maghrébin. La nécessité de dépasser le cadre d'échanges et de recommandations à l'étape des réalisations concrètes par le biais de convention de partenariats et de mobilité entre les institutions maghrébines. - Des institutions maghrébines qui ne sont pas toujours au diapason de leurs chercheurs, non ? Le renforcement des compétences et l'appui aux institutions maghrébines font partie des recommandations, c'est une démarche qui est en cours et à renforcer par des mécanismes de suivi et d'évaluation et aussi d'orientation stratégique accès sur les résultats. Faciliter l'accès à l'information et au partage de la donne entre les institutions de collecte, les universités, les laboratoires de recherche et les opérateurs économiques sont des recommandations des plus importantes. Une action de développement nécessite l'outil primordial pour la planification et l'exécution qui est l'information. Communiquer autour de l'information en relation avec le secteur eau nécessite la création d'un espace d'échange large et inclusif. - En quoi consiste la mission de la CREM en Algérie ? La CREM est une mission régionale de la Coopération allemande économique et du développement au Maghreb (GIZ), composée de deux volets : l'un est assuré par la GIZ et l'autre par l'Institut fédéral allemand de géoscience (BGR). En Algérie, la mission CREM avec une planification ambitieuse pour l'année 2016 vise à réaliser une étude sur le secteur eau. Cette étude est en voie de réalisation avec la réception des différents commentaires et contributions des partenaires algériens : l'Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH), qui est le point focal de la mission en Algérie, la contribution de l'Agence nationale de la gestion intégré des ressources en eau (Agire) et les autres partenaires. Réaliser une étude sur les systèmes d'information dans le secteur eau est l'une des activités phare de la mission en Algérie, l'étude de circuit d'information entre les différents partenaires permettra de faire le point sur l'état des lieux et la possibilité de partage de bonnes pratiques avec les pays maghrébins (Tunisie, Maroc). Un atelier régional de restitution des trois études sur les systèmes d'information dans les trois pays maghrébins sera programmé prochainement dans l'un de ces pays. Nous sommes en train de lancer en Algérie la mesure Conteuses, qui vise la promotion du patrimoine culturel par le conte populaire en relation avec la thématique eau et raconté par des femmes, un aspect de valorisation du patrimoine, de la culture orale et de la femme. Je rappelle que les activités de la mission CREM en Algérie sont similaires à celles au Maroc et en Tunisie, et que notre partenaire principal dans cette mission régionale est l'Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS). En Algérie, la mission CREM de la GIZ avance bien dans la réalisation des activités programmées pour cette année grâce à l'appui du ministère des Ressources en eau, des différentes directions du ministère, ANRH, Agire, université de Tlemcen, PAUWES et l'Ecole polytechnique d'Alger.