Une part importante des programmes des énergies renouvelables, dont se vante le Maroc même sur le site officiel de la Cop22, est implantée au Sahara occidental et utilisée dans le pillage illégal des minerais sahraouis, a dénoncé l'Observatoire des ressources du Sahara occidental (WSRW). A la Cop22, «méfiez-vous de ce que vous entendrez au sujet des efforts du Maroc dans le secteur des énergies renouvelables», met en garde cette organisation internationale dans un rapport publié mercredi et intitulé «Electrifier le pillage - ce que le Maroc et Siemens cachent à la Cop 22 à Marrakech». WSRW explique, selon l'APS qui reprend l'information, qu'une «part croissante des projets des énergies renouvelables, dont le Maroc fait la promotion — et jusque sur le site officiel de la COP22 — ne sont pas du tout implantés au Maroc mais au Sahara occidental, qu'il occupe illégalement et brutalement». Le rapport publié à quelques jours de cette conférence relève que le gouvernement marocain et une poignée de compagnies d'énergies renouvelables vont activement faire le marketing de leurs efforts pour le développement de solutions d'énergies vertes lors de cette rencontre, qui va se dérouler du 7 au 18 novembre. Au total, 22 éoliennes nouvellement construites par la société allemande Siemens fournissent 95% de l'énergie nécessaire au pillage très polémique des minerais non renouvelables du Sahara occidental. WSRW considère que «la production d'énergie verte rend le pillage de ce territoire encore plus lucratif». En 2020, plus d'un quart de toute la production d'énergie verte du Maroc serait située dans les territoires sahraouis qu'il maintient sous occupation, selon ce rapport qui détaille comment le Maroc projette de construire des centrales à énergie renouvelable au Sahara occidental pour plus de 1000 mégawatts. L'organisation révèle que Siemens et la compagnie italienne Enel sont les plus impliquées. Elles gagnent des appels d'offres marocains au Sahara occidental en s'associant à la compagnie énergétique marocaine Nareva, détenue par la Société nationale d'investissement (SNI), dans laquelle le roi du Maroc détient 74% des participations. «Quand le palais royal marocain — qui réglemente le marché de l'énergie — reçoit de gros contrats énergétiques sur le territoire, cela coûte très cher au processus de paix des Nations unies au Sahara occidental», souligne Erik Hagen, directeur de WSRW, cité dans ce rapport. «En exportant l'énergie au Maroc, le pays et la famille royale ancrent leur lien avec le territoire. Comment le roi serait-il intéressé par un processus d'autodétermination et de décolonisation au Sahara occidental alors qu'il bénéficie lui-même de la présence illégale de l'armée marocaine là-bas?» s'interroge Hagen. WSRW affirme que le propriétaire légitime des territoires sahraouis, le peuple sahraoui, n'a jamais accepté les projets marocains. En effet, la moitié de la population originelle du territoire a fui le pays quand le Maroc l'a envahi en 1975, alors que les principaux opposants à la marginalisation socioéconomique des Sahraouis purgent des peines d'emprisonnement à perpétuité dans les prisons marocaines, s'indigne cette organisation internationale.