La ch'kara (sac d'argent sale provenant de l'affairisme et de l'informel) pour acheter les voix des militants et des électeurs, «c'est fini !» s'est insurgé le nouveau patron du FLN, Djamel Ould Abbès. Si ce mot d'ordre venait à être exécuté à la lettre, c'est une lessiveuse industrielle dont le Fln a besoin pour se purifier l'âme. Les directions politiques du Fln qui se sont succédé à la tête du parti se sont toujours accommodées des «généreux donateurs» qui ont rejoint le parti contre des postes dans les assemblées élues. Le Fln semble découvrir aujourd'hui avec effroi cette maladie honteuse qui a jeté un grave discrédit sur le parti. Le nouveau secrétaire général affirme même détenir une liste d'élus du Front qui se sont adonnés à ce sport de la corruption électorale pour se faire élire et mettre en place un puissant lobby avec l'objectif évident d'influer sur l'arsenal législatif. Ira-t-il jusqu'à démasquer et sévir contre cette faune d'affairistes qui a pris en otage les institutions du pays ? Peu sûr, quand on sait le degré de connivence entre ces puissants lobbys financiers et les sphères du pouvoir. Discours électoraliste ? Tout porte à le croire. Car si le Fln cherche véritablement à insuffler de la morale politique dans son fonctionnement interne et dans son rapport à la société et à la classe politique, il doit se remettre profondément en question en acceptant d'être un parti politique comme toutes les autres formations qui existent sur la scène nationale, ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs. Il est pour le moins symptomatique que les milieux de l'affairisme jettent leur dévolu sur le Fln plutôt que sur d'autres formations politiques. En tant que parti au pouvoir et du pouvoir dont le président n'est autre que le chef de l'Etat, pour les opportunistes de tout poil, le Fln est un placement sûr. C'est un parti qui peut leur assurer un retour sur investissement. Privé de ses soutiens financiers, le parti n'en sera que fragilisé. Le Fln est une grosse machine budgétivore. Il lui sera difficile de survivre des seules cotisations de ses militants et des contributions de ses élus. Il pourra toujours compter sur le détournement des moyens de l'Etat dont il fait «bon usage» dans son fonctionnement quotidien et lors des rendez-vous électoraux. Le mot d'ordre du nouveau secrétaire général appelant à la moralisation de la vie du parti restera un slogan creux tant que le Front n'aura pas soldé son passif par rapport au riche patrimoine immobilier (siège national, mouhafadhas et kasmas) à l'actif du parti et des organisations satellites dites de masse, acquis du temps du parti unique. Sans compter toutes les autres largesses dont a bénéficié le Fln : dotation budgétaire, véhicules, prise en charge pendant des années sur le budget de l'Etat des salaires des cadres Fln détachés au parti, à l'Ugta, dans les organisations de masse et ayant pris leur retraite avec un statut de cadres supérieurs de la nation. Face à ce vaste chantier que le parti et ses sponsors politiques n'oseront jamais ouvrir, la ruade du Dr Ould Abbès contre la ch'kara apparaît comme un «détail de l'histoire» récente controversée du Fln. Un effet de manches destiné à régler des comptes internes et externes au parti.