La loi prévoit une prime de fin de mandat pour tout parlementaire à la fin de la législature. Cette prime est comptabilisée à raison de deux mois de salaire pour chaque année d'exercice comme parlementaire sur un mandat total de cinq années, c'est-à-dire dix mois de salaires atteignant les 260 millions de centimes. En cette veille d'application des dispositions austères prévues par le projet de loi de finances pour l'année 2017, la Toile s'est emparée du sujet de la prime de fin de mandat pour les députés, dénonçant une injustice. Invités à répondre à «l'accusation» de bénéficier de privilèges au moment où les Algériens s'attendent à une année 2017 difficile, les parlementaires que nous avons contactés insistent pour dire que la question ne leur a pas encore été posée. «Le débat n'est pas encore ouvert sur cette question, mais si la question nous est posée et si nous devons contribuer à l'effort national et donner l'exemple, le RND sera le premier à applaudir la suppression de cette prime», estime Chihab Seddik chef du groupe parlementaire RND. Et d'ajouter qu'il ne s'agit pas d'une demande des parlementaires mais d'une pratique dont bénéficient tous les hauts cadres. «Cette prime est prévue par la loi afin de permettre aux députés sortants de se recycler dans la vie active, après la fin de leur mandat. Une sorte de prime de départ ou de congé spécial appliquée aux cadres supérieurs», dit-il. Le chef du groupe parlementaire FLN, Mohamed Djemai, souligne pour sa part que la question sera soumise bientôt à la commission des finances qui décidera de son montant et de la faisabilité de cette prime. «Cette question sera discutée dans le cadre du débat sur le budget de l'APN qui est traité en parallèle du débat sur le projet de loi de finances. Cette prime est décidée au même titre que toutes les primes attribuées aux hauts cadres de l'Etat», indique notre interlocuteur, en notant que le FLN, qui est majoritaire, se soumettra à la décision prise par les membres de la commission finances, quelle qu'elle soit. Du côté de l'opposition, le député Djelloul Djoudi, chef du groupe parlementaire PT et membre de la commission finances à l'APN, souligne qu'il n'a pas encore les détails du budget de l'Assemblée nationale. «A l'heure actuelle, nous n'avons pas encore les détails du budget de l'APN, je ne peux donc pas affirmer si cette prime est prévue pour ce mandat ou pas. Mais je peux dire toutefois, vu la situation économique du pays, les dispositions du projet de loi de finances et les charges sur les citoyens à travers les différentes augmentations de taxes, notamment la TVA, et des prix du carburant sans qu'il y ait une hausse des salaires, j'estime que l'austérité devra concerner tout le monde, qu'il s'agisse des députés, de tous les hauts cadres et oligarques.» Djelloul Djoudi pointe un doigt accusateur sur les facilitations accordées aux «oligarques» par la loi de finances alors qu'elle pèse du poids de l'austérité sur les citoyens. Au nom du parti El Adala, le député Benkhellaf affirme pour sa part qu'il est indécent de parler de prime de fin de mandat à un moment où le pays passe par une crise économique et financière. «Demander cette prime est une provocation», estime Benkhellaf, en affirmant que son parti est non seulement pour sa suppression, mais exige aussi de tous les parlementaires de payer les cotisations réglementaires sur toutes les primes et indemnités qu'ils perçoivent. «Nous avons fait des calculs à notre niveau et avons constaté que chaque député doit payer pas moins de 43 000 DA par mois de cotisations à l'IRG. Ce qui n'est pas fait. Nous avons d'ailleurs adressé des correspondances au président de l'APN, en 2013, en 2015 et en 2016 afin de lui demander d'effectuer les retenues réglementaires sur les salaires des députés. Les parlementaires d'El Adala sont prêts à payer cette cotisation par effet rétroactif.» Nous avons tenté de joindre, hier, le chef du groupe parlementaire du FFS, en vain.