La reprise des débats dans les prochains jours au Parlement promet d'être houleuse. Les discussions sur les différents textes de loi, proposés par le gouvernement, risquent de remettre sur le tapis les grandes divergences qui minent la scène politique. Les partis de l'opposition annoncent déjà la couleur. Déterminés à faire barrage à des projets de loi jugés «d'antisocial et d'antinational», plusieurs formations politiques se sont déjà engagées dans les tractations de coulisse pour faire cause commune. Un seul objectif : peser de tout leur poids à l'hémicycle pour faire reculer le gouvernement sur les grandes questions du moment tel que le dossier de la retraite, le projet de loi de finances 2017 et le fameux article 52 qui interdit aux binationaux de prétendre aux hautes fonctions de l'Etat. Le parti du FFS ne se fait pas d'illusion. S'il préfère ne pas se prononcer pour l'instant sur l'article 52, il semble néanmoins décidé à faire entendre sa voix et exprimer franchement son opposition vis-à-vis du projet de loi de finances et du dossier de la retraite. Joint au téléphone, Hamou Didouche, député du plus vieux parti de l'opposition constate que le gouvernement demeure malheureusement campé sur ses positions et fait abstraction de toutes les voix divergentes. Pour lui, «l'issue du vote est connu. Le gouvernement se prépare pour un autre coup de force à l'encontre du peuple et des travailleurs». Pire, pour le FFS, «des officiels de premier rang à l'instar du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur, ont d'ores et déjà déclaré qu'en ce qui concerne le dossier de la retraite, la décision est prise. Elle est irrévocable…avant même les débats du Parlement». Tractations Critique, Hamou Didouche croit que le gouvernement se soucie uniquement de «soigner sa façade démocratique». «Il n'écoute personne», déplore-t-il avant de souligner que sa formation est actuellement en train de mener des tractations avec les syndicats autonomes opposés au projet de la suppression de la retraite anticipée. Sur la loi de finances 2017, le député du FFS est catégorique : «C'est une loi antisociale et antinationale. Les pouvoirs publics ont préparé un texte calqué sur la précédente Loi de finances 2016», rappelle-t-il. Et d'ajouter «Si austérité il y a, vu le tarissement des recettes pétrolières, il faut réfléchir à équilibrer le budget à partir de niches financières adaptée tel que l'imposition des grosses fortunes». Le député Lakhdar Benkhelaf, du parti FJD, n'en pense pas moins. Le parti du Front de la justice et du développement promet de mener une rude bataille au sein de l'hémicycle afin de faire revenir le gouvernement à de meilleurs esprits. Hormis l'article 52 qui devrait, selon lui, être élargi à d'autres postes de responsabilités, le texte de loi qui prévoit la suppression de la retraite anticipée doit être retiré. «Nous allons peser de tout notre poids pour le retrait de cette décision. Le gouvernement a vraiment manqué de responsabilité sur ce sujet précis. Nous sommes en contact permanent avec d'autres formations politiques mais aussi avec les syndicats autonomes pour dégager des décisions communes», a affirmé Lakhdar Benkhelaf qui ajoute, d'autre part, que «le projet de loi de finances n'est que la continuité logique de la LF 2016». Franc défenseur des «acquis sociaux», le parti de Louiza Hanoune ne compte pas, lui aussi, reculer d'un iota sur sa ligne de défense notamment en ce qui concerne le dossier de la retraite. Djelloul Djoudi, président du groupe parlementaire du PT à l'APN estime que «cette réforme, si elle vient à être adoptée, provoquera des bouleversements inattendus au sein de la société. On va se battre au sein de l'APN pour que ce projet soit annulé. On ne doit pas toucher aux acquis des travailleurs» a-t-il estimé. Même son de cloche chez les islamistes. Contacté par nos soins, Noamane Laouar, président du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte, a indiqué qu'il est impératif «d'ouvrir un dialogue et de débattre de problèmes de fond en toute responsabilité». Selon lui, la démarche du gouvernement sur ce dossier est complètement biaisée, et la suppression de la retraite anticipée risque de conduire à des dérapages incontrôlables. «Nous nous battrons, avec d'autres partis, au Parlement pour la suppression de ce projet», promet-il.