Nous croyons savoir que Me Aci, éminent pénaliste, a été constitué par cheb Mami pour sa défense. L'avocat sera entouré par Mes Khaled Lasbeur et Martine Tigrane (ancienne collaboratrice du défunt Me Mourad Oussedik). A ce collectif, s'adjoindra l'avocate attitrée de cheb Mami, Claire Doubliez... Le dossier Mami se trouve au niveau de la Cour d'appel, alors que le juge de Bobigny, qui a placé cheb Mami en détention préventive, réclame une commission rogatoire à Alger. Ce qui impliquera pour Mami, s'il n'est pas remis en liberté, de longs mois d'emprisonnement, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur sa carrière. C'est un sentiment mêlé de surprise, d'indignation et d'incompréhension que ressent la communauté algérienne à l'annonce du placement en détention préventive, la semaine dernière, de cheb Mami par le tribunal de Bobigny. La perplexité et la consternation sont d'autant plus grandes que la star du raï, de renommée internationale, n'a jamais été mêlée de près ou de loin à une quelconque affaire de mœurs, observant la plus grande réserve et la plus stricte discrétion sur sa vie privée. Les questions ne manquent pas. Pourquoi Mami a-t-il été écroué ? Et aussi vite. N'aurait-il pu être laissé en liberté dans l'attente d'un procès ? La présomption d'innocence n'aurait-elle pas dû être privilégiée, dans la mesure où les faits qui lui sont reprochés n'ont pas été établis ? La détention provisoire s'impose lorsque le juge de la liberté et de la détention craint que le prévenu concerné constitue une menace pour l'ordre public ou puisse constituer une entrave au déroulement normal de l'enquête, ce qui n'est pas le cas de cheb Mami. Ce dernier présente des garanties certaines : s'il est Algérien, il est également Français, il a des biens et une résidence en France. Sa carrière s'est développée en France. Cette mise en détention qui apparaît « hâtive » et « rapide » a des conséquences préjudiciables pour l'artiste : perte de nombreux contrats, promotion de son dernier album interrompue, rendez-vous annulés. Mami est apprécié en Algérie, mais aussi en France et dans les banlieues françaises où il jouit d'une grande popularité. La star du raï ne serait-elle pas victime d'une cabale habilement montée, au moment où elle est au faîte de sa carrière ? Cette affaire n'a-t-elle pas pour but de le détruire ou le ruiner ? L'arrestation de cheb Mami est intervenue à la suite d'une plainte d'une ancienne liaison qui l'a accusé « de violences et séquestration ». Mami reconnaît avoir bien eu une relation avec cette personne, une photographe, d'origine française, qu'il avait connue lors d'un concert au Caire en mai 2005. S'en suivirent quelques rencontres, puis Mami interrompit la relation car il venait de renouer avec son ex-épouse. Confronté à son accusatrice, cheb Mami a récusé les accusations portées contre lui. La plaignante, elle, soutient qu'elle est partie à Alger avec Michel Levy (l'agent de Mami), et qu'elle a été reçue par Kader, le fondé de pouvoir de l'artiste à Alger. Selon la plaignante, celui-ci aurait fait venir deux médecins dans la villa de l'artiste pour un avortement. Mais la jeune femme revient à Paris où elle accouche d'une fillette âgée aujourd'hui de sept mois. Elle relance Mami et formule de nouvelles exigences. Le chanteur soutient qu'il ne se trouvait pas à Alger au moment des faits qui lui sont reprochés. La plainte de son accusatrice est-elle récente, alors que les faits remontent à plusieurs mois ? Le consul général de Paris, Méziane Cherif, et le consul de Bobigny, M. Ben Bouali, ont rendu visite à Mami. Méziane Cherif se dit « perplexe », voire « outré », considérant que Mami ne devrait pas rester en prison, car « ce n'est ni un voyou, ni un violeur, ni un agresseur ». Il se dit « démoralisé devant une telle myopie de la part de quelqu'un chargé d'appliquer la loi devant les qualités certaines et vérifiables » représentées par Mami.