La crise budgétaire que traverse le pays depuis la dégringolade du prix du baril de pétrole met le gouvernement aux abois. Les dépenses fantaisistes et les coûts surévalués de certains projets en raison de la corruption ambiante n'ont pas permis de faire des économies durant les années fastes, comme le conseillait la sagesse et l'exigeait la logique. A présent qu'il est question de serrer la ceinture de plusieurs crans, les collectivités locales sont subitement extirpées de «l'oubli» pour être le fer de lance du développement social. Du statut politique de commis de l'Etat dans lequel ils étaient confinés des décennies durant, les walis sont propulsés au rang de gestionnaires économiques soumis aux règles de l'investissement et de la rentabilité. C'est bien le discours qui est tenu depuis quelque temps et qui a abouti au conclave du Club des Pins. Les décisions qui seront prises à la hâte et sous la pression conjoncturelle sauront-elles venir à bout d'une seconde nature fortifiée par l'inertie de la bureaucratie ? On se souvient malheureusement de l'expérience de la politique du fameux Comité d'assistance locale et de promotion de l'investissement (Calpi) qui n'a abouti à aucun résultat positif. Les terrains réservés exclusivement à l'investissement productif ont été détournés de leur vocation première et se sont retrouvés morcelés et revendus dans le marché spéculatif. Le pouvoir local était impuissant à faire face aux bras longs omniprésents dans les affaires juteuses. Et ce ne sont pas les maires qui contrediront ce manque de prérogatives flagrant cumulé au niveau des collectivités de l'intérieur du pays. C'est dire le poids d'une administration voulue stérilisante à anéantir tout esprit d'initiative, de suivi et de contrôle chez les responsables et les élus locaux. A l'instar des Calpi au niveau départemental, les Covilles — une structure de gestion collective et participative au niveau communal — ont à leur tour disparu. Pourtant, cette structure de gestion démocratique, puisqu'elle impliquait le citoyen dans la gestion de sa commune, offrait un cadre propice pour l'élu du peuple de mener sa politique de développement. En tout état de cause, la sollicitation des pouvoirs publics envers les élus ne peut être concrétisée de sitôt. Il convient d'abord de rétablir le lien de confiance qui doit exister fortement entre ces tutelles et de renforcer les prérogatives des APC afin que celles-ci puissent, à leur tour, garantir un travail d'accompagnement et d'encouragement aux investisseurs locaux... La rencontre du Club des Pins débouchera-t-elle sur le partage du pouvoir qu'implique le partage des tâches ?