Depuis la signature, en janvier 2003, du traité bilatéral d'amitié et de coopération entre l'Algérie et l'Italie, les relations économiques et commerciales entre les deux pays n'ont cessé d'évoluer dans le sens d'un partenariat global et privilégié mutuellement bénéfique. Il semble ainsi que le temps où les autorités algériennes reprochaient à la partie italienne de ne s'intéresser qu'au volet énergétique est désormais révolu. La dernière visite à Alger du secrétaire d'Etat italien au commerce international reflète d'ailleurs cette volonté affichée par Rome de diversifier sa coopération avec Alger et de ne plus se limiter aux seuls grands projets gaziers, aussi stratégiques soient-ils pour les deux pays. En effet, un pas important vient d'être franchi par l'annonce d'une prochaine signature entre l'Algérie et l'Italie d'un mémorandum d'entente sur le secteur des petites et moyennes entreprises (PME). Il faut dire à ce propos qu'en Italie, ce sont les PME qui maintiennent la vie économique et réalisent l'essentiel des exportations. Leur succès, aujourd'hui mondialement reconnu, suscite l'intérêt des économies émergentes qui tentent d'adopter le modèle italien pour développer leur propre tissu de PME. C'est la raison pour laquelle le mémorandum d'entente algéro-italien sera essentiellement consacré à ce secteur où des mécanismes de cofinancement sont déjà prévus de part et d'autre. Pour ce qui est de la partie italienne, le secrétaire d'Etat au commerce a annoncé que la société financière Simest est d'ores et déjà disposée à intervenir pour soutenir financièrement les entreprises italiennes qui souhaiteraient investir en Algérie. Contrôlée par le gouvernement, la Simest est une société composée de banques et de réseaux créée dans le but de promouvoir les investissements italiens à l'étranger et de les soutenir techniquement et financièrement. Le directeur exécutif de la Simest, M. Massimo D'Aiuto, ayant fait partie de la délégation italienne qui s'est rendue à Alger la semaine dernière, a souligné à ce propos « le fort intérêt qu'expriment les entreprises italiennes pour le développement du secteur algérien de la PME », et de souhaiter cependant que « les institutions algériennes soutiennent les opérateurs italiens en vue de faciliter la réalisation des projets ». Le gaz, un secteur stratégique à renforcer Concrètement, le même responsable citera quelques secteurs susceptibles d'attirer les investisseurs italiens tels que « la mécanique, l'agroindustrie, l'environnement les travaux publics, la logistique, la confection et l'habillement, le transport maritime et la gestion des ports ». Il s'agit, selon lui, « de ramener les meilleures entreprises italiennes pour investir en Algérie, surtout si les conditions de l'investissement s'y renforcent ». La coopération algéro-italienne dans le domaine énergétique est qualifiée par les responsables des deux pays d'excellente. Pour rappel, l'Italie est déjà reliée à l'Algérie par le gazoduc Enrico Mattei via la Tunisie et par lequel transitent environ 24 milliards de m3 de gaz par an. L'Algérie assure 36% de la demande globale de l'Italie en gaz et les futurs projets envisagés dans ce domaine devraient renforcer encore plus ses capacités. Un important projet est prévu en ce sens grâce à la réalisation du gazoduc sous-marin (Galsi) devant relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne. Long de 940 km, dont 640 km en territoire algérien, le Galsi, du nom du consortium des sociétés chargées de le réaliser, a une capacité de transport de 8 milliards de m3/an. Bien qu'il s'agisse d'un projet privé, le secrétaire d'Etat au commerce italien a indiqué qu'un « accord intergouvernemental sera signé tout de même pour le soutenir ». A ce propos, une délégation algérienne se rendra à Rome avant la fin de cette année pour discuter des modalités de réalisation de ce projet hautement stratégique. Le ministre de l'Energie et des Mines a récemment affirmé que « la mission algérienne dans la capitale italienne devrait également discuter de la possibilité pour la compagnie nationale Sonatrach de prendre des parts dans des projets de terminaux de regazéification comme elle le fait déjà en Grande-Bretagne et en Espagne », et d'indiquer également qu'« une société de commercialisation du gaz qui sera acheminé par ce gazoduc, dénommée Sonatrach-Italia, a été créée en juillet dernier ». Tout en soulignant l'intérêt de ce gazoduc pour l'Italie et l'Europe, le ministre a insisté sur la nécessite de signer au plus vite l'accord intergouvernemental devant permettre de lancer le processus de réalisation de ce grand projet. Celui-ci doit permettre de relier le gisement gazier de Hassi R'mel, dans le Sud algérien, à la ville d'El Kala, sur la côte est algérienne, puis Cagliari, en Sardaigne, et Olbia et Pescaia, dans le nord de l'Italie. Booster l'investissement et l'échange commercial La valeur des investissements italiens en Algérie en 2005 est estimée à quelque 6 millions d'euros. Selon le secrétaire d'Etat au commerce italien, il s'agit certes d'une valeur modeste qu'il faudrait booster à l'avenir, mais qui traduit une nette évolution par rapport aux années précédentes. Quant aux exportations italiennes vers l'Algérie, celles-ci ont atteint 958 millions de dollars durant le premier semestre de 2006 contre 792 millions de dollars lors de la même période de l'année précédente, soit une hausse de 21%. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint près de 7,6 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l'année en cours, nettement à l'avantage de l'Algérie, qui a exporté vers la péninsule pour quelque 6,2 milliards de dollars pendant cette période. L'Italie a absorbé ainsi, en 9 mois, 15,48% des exportations algériennes, en valeur, et a assuré à l'Algérie environ 9% de ses importations, selon les chiffres des Douanes algériennes.