Bab El Oued City, Rachida, Nuits sans sommeil, Un citoyen, Un inspecteur, Un voleur, et tant d'autres films arabes sont à l'affiche à la Cinémathèque de Londres, le National Film theater (NFT), dans le cadre d'un festival du cinéma arabe. Il était temps, en effet, que l'on ait d'autres images que celles que nous renvoie quotidiennement un monde arabe meurtri : images de sang, de guerre, de larmes, de terrorisme et de destruction. A ce propos, l'attaché de presse du NFT, Ian Cuthbert, a déclaré à El Watan : « Nous montrons des films du monde entier, et nous avons décidé que l'événement, cette saison, était de faire découvrir les nombreux films qui sont produits dans le monde arabe et qui sont rarement montrés en Occident. Nous avons estimé que le cinéma iranien a bénéficié d'une grande attention, mais que le cinéma arabe était plus ou moins négligé. » Il ajoute : « Nous avons aussi voulu montrer la vie arabe d'une manière plus équilibrée dans la mesure où la couverture médiatique de la guerre en Irak et du conflit israélo-palestinien a tendance à donner une image négative du monde arabe. » Et qui peut mieux résumer, comme l'avait fait Harry Lime (Orson Welles) dans Le Troisième Homme, le paradoxe d'un monde arabe où la guerre n'a pas empêché la création artistique d'évoluer quand il dit : « En Italie, durant 40 ans, sous le règne des Borgias, ils ont eu la guerre, les assassinats, la terreur, le sang, mais ils ont donné Michel Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu l'amour fraternel, 500 ans de démocratie et de paix, et qu'ont-ils donné ? Une horloge de type coucou suisse. » Pour résumer cette citation, Ali Jaâfar, l'un des organisateurs du Festival du cinéma arabe, note que « certainement le monde arabe a eu sa part de guerre et de terreur au cours de ces 30 dernières années, que ce soit au Moyen-Orient avec le conflit israélo-arabe, ou les guerres en Irak et les conflits au Liban et en Algérie. Ce même monde arabe a aussi produit lors des 15 dernières années un nombre particulièrement éclectique de films exquis, de l'Afrique du Nord au Liban, en passant par la Syrie et la Palestine. Les films qui nous viennent d'Afrique du Nord soulèvent la question - à laquelle on ne sait toujours pas répondre - de savoir ce que veut dire être arabe », indique-t-il. « Ce que nous renvoient les films contemporains algériens Rachida et Bab El Oued City, qui reflètent l'énorme échos d'une guerre contre l'extrémisme islamiste, est un cocktail détonant d'histoire, de lyrisme et de lutte, d'amour et de langueur. Et pas un seul génie qui sorte d'une bouteille ou un seul tapis volant en vue. » Le festival donne ainsi la chance aux cinéphiles de voir Nuits sans sommeil, de l'Egyptien Hani Khalifa ; Karib, Baïd, de la Libanaise Eliane Raheb ; Mowaten, wa mokhaber, wa harami, de l'Egyptien Daoud Abdel Sayed ; Keïd ensa (ruses de femmes), de Farida Benlyazid ; Terre inconnue, du Libanais Ghassan Salhab ; Beyrouth. Ouest, du Libanais Ziad Doueiri Intervention divine et Chronique d'une disparition, du Palestinien Elia Suleiman, ainsi que d'autres films d'auteurs. Le festival se déroule du 3 au 30 août.