Depuis deux jours, l'accès à ce campus de 18 000 étudiants est empêché par des dizaines d'étudiants qui ont bloqué les deux portails principaux de l'enceinte. Le campus Targa Ouzemmour de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa est, depuis mardi, complètement paralysé par une grève «illimitée» des étudiants. Depuis deux jours, l'accès à ce campus de 18 000 étudiants, qui abrite les facultés scientifiques et techniques, est empêchée par des dizaines d'étudiants qui ont bloqué les deux portails principaux de l'enceinte. Au nombre de 2500, ces étudiants ont été affectés l'année dernière à la résidence universitaire attenante au nouveau campus d'Amizour, toujours inoccupé. Pour eux, il n'est pas question de continuer de faire la navette quotidienne entre cette résidence et leur campus, Targa Ouzemmour à Béjaïa-ville, distant d'environ 30 kilomètres. «Pratiquement chaque jour, je rate des cours à cause de la circulation et des bouchons à l'entrée de la ville de Béjaïa. Nous ne céderons pas tant que ce problème ne sera pas réglé», s'est plaint un étudiant rencontré sur le lieu de la protestation. Pour ces étudiants qui sont inscrits en tronc commun dans les facultés de technologie, sciences de la nature et de la vie et sciences exactes, une solution immédiate doit être trouvée à leur cas : ou bien on les affecte à l'hébergement dans des cités U à proximité de leur campus de Targa Ouzemmour, ou bien on ouvre le campus d'Amizour, achevé depuis deux ans mais toujours fermé. Le Campus d'Amizour, l'autre problème Or ces deux options semblent hors de portée de l'administration universitaire. Pour la première option, les cinq résidences universitaires basées dans la ville de Béjaïa ne peuvent accueillir plus d'étudiants à cause de leur surcharge. Pour la deuxième option, il va falloir réussir à convaincre une ou des facultés de délocaliser vers Amizour. L'administration universitaire est mise encore une fois devant ses responsabilités et un double défi : non seulement elle doit répondre aux aspirations des actuels grévistes, mais elle doit aussi résoudre la crise latente qui prend en otage depuis deux ans le nouveau campus de 6000 places pédagogiques d'Amizour. Construit à coups de milliards pour soulager les deux campus déjà existants, ce campus est toujours fermé, car boudé par toutes les facultés qui ont été désignées à la délocalisation. L'année dernière, l'administration universitaire a vu en la faculté des sciences exactes la candidate «idéale» pour le transfert. Mais immédiatement, les enseignants de cette faculté sont entrés en grève, ce qui l'a paralysée pendant plus de quatre mois. Ils ne voulaient rien entendre du «bien-fondé» de l'occupation du nouvel équipement, invoquant des arguments, tels que l'inachèvement de la structure ou son inadéquation à leurs besoins qui, il faut le dire, n'ont pas tellement convaincu. Aujourd'hui encore, ces enseignants sont sur le qui-vive au cas où l'administration désignerait leur faculté au départ vers Amizour. «Notre faculté n'ira nulle part, ils n'ont qu'à faire venir les gens d'Aboudaou s'ils veulent occuper ce campus», a déclaré, péremptoire, M. Bibi, enseignant à la faculté des sciences exactes. Joint par téléphone, le recteur, Saidani Boualem, a indiqué à El Watan que «les solutions existent» pour ouvrir le campus d'Amizour, et que pour cela, il veut passer par «une solution consensuelle». «Comme première étape, nous voulons dialoguer. Contrairement à l'année passée, cette fois, ce sont les étudiants qui réclament l'ouverture de ce campus. Je leur ai demandé de venir discuter autour d'une table et parler des modalités de ce transfert. Quant aux enseignants des sciences exactes qui se sont opposés à la délocalisation l'année passée, nous allons, dans une démarche consensuelle, les consulter pour savoir qui souhaite partir et qui ne le veut pas», a-t-il dit. Selon le responsable, les étudiants n'ont pas encore répondu à l'appel au dialogue.