- Une polémique s'est installée cette semaine suite à une perturbation dans la livraison du Herceptin pour les centres anticancer. Comment avez-vous géré la situation ? Nous sommes là pour une mission précise : l'approvisionnement des structures hospitalières avec des appels d'offres. Tous les produits sont enregistrés par des experts en la matière. Il y a eu des comités d'experts chargés de cela. Pour le cas, par exemple, du Herceptin du laboratoire Roche exigé par le Pr Bouzid, la demande est très légitime. La PCH n'a jamais refusé la demande exprimée par un hôpital, mais nous avons seulement demandé de préciser les besoins, et ce, par précaution. Car il s'agit là d'un médicament très coûteux. Je n'ai pris aucun malade en otage. Il y a disponibilité du produit. Roche et Biocon étaient retenus tous les deux pour l'appel d'offres, et nous avons demandé à Roche de s'aligner sur Biocon pour partager la poire en deux, mais vu qu'il a refusé, il a eu seulement 30% du marché et l'autre labo n'a, non plus, pas pu décrocher les 70% et cela par précaution. Nous attendons, en effet, le feedback de la consommation. Je vous invite à venir visiter nos locaux pour voir comment les quotas sont distribués à temps. Le professeur Bouzid parlait d'une perturbation d'une semaine, mais je sais que la plupart des hôpitaux ont leur stock. Il évoquait l'éventualité de l'indisponibilité du produit seulement. - Où se situe alors le problème aujourd'hui ? Pourquoi une telle polémique ? Les anciens malades ont le droit de terminer leur traitement avec Herceptin. En plus, les médicaments sont livrés selon leur date de péremption. Nous travaillons avec une procédure du marché. Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Le biosimilaire CanMab de Biocon est un produit enregistré et les experts, dont le Pr Bouzid, ont donné leur accord. Je ne comprends pas pourquoi une telle polémique. J'ai donné toutes les quantités et le quota demandés. Nos livraisons sont mensuelles. Je ne comprends d'ailleurs pas d'où vient cette polémique. En attendant le déblocage des autres quantités demandées, nous avons satisfait la demande exprimée. - La réunion qui devait se tenir mardi dernier entre les différents intervenants pour trancher définitivement la question relative à l'interchangeabilité du médicament Herceptin du laboratoire Roche avec le biosimilaire CanMab de Biocon importé par le laboratoire turc Abdi Ibrahim aura lieu finalement mardi prochain. En quoi est-elle décisive ? La réunion regroupera les chefs de service d'oncologie des centres anticancer avec la direction de la pharmacie, les pharmaciens de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et les cadres du ministère de la Santé. Un détail à préciser : il ne s'agit pas d'un débat sur l'interchangeabilité. On laisse ce sujet à l'appréciation des oncologues. La réunion a été programmée lorsque j'ai tiré la sonnette d'alarme sur la situation que l'on affronte. Nous devons mettre fin à ce genre de situation. J'ai lancé un appel d'offres en Dénomination commune internationale (DCI). Il est alors question de discuter et faire le point dans la mesure où nous sommes encore appelés à retenir des biosimilaires. La PCH ne peut pas se substituer ou parler à la place des experts. Il s'agit surtout de débattre sur les biosimilaires... Il faut avoir une visibilité pour l'avenir. L'interchangeabilité dans le monde entier est laissée à l'appréciation et la conviction de l'oncologue. Il faut en effet trancher sur les biosimilaires. Je n'ai pris personne en otage. Nous travaillons dans la sérénité et la transparence. Je n'ai rien à cacher.