La 41e édition de la Conférence internationale pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) a été ouverte, hier après-midi, dans la ville de Velanova (Barcelone, Espagne), en présence de plus d'un millier de participants. Mais sans celle, plus marquante, d'un leader de la lutte pour la libération du Sahara occidental, dernier territoire occupé en Afrique, en l'occurrence le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, décédé en mai dernier des suites d'une longue maladie. Toutefois, malgré son absence physique, le chef charismatique du Polisario était présent dans les esprits des participants, qui lui ont rendu un vibrant hommage à cette occasion. L'autre grand absent à cette rencontre est son successeur, Brahim Ghali. Nouveau président sahraoui depuis juillet 2016, ce dernier a choisi, à cette occasion, de «monter au front» pour déjouer les complots du makhzen marocain qui a réussi à obtenir, à la veille de cette conférence, une décision de la justice espagnole de le poursuivre pour «génocide» et «disparitions forcées» qui auraient été «commis par le secrétaire général du Polisario dans les années 1970 et 1980». Connu, au sein du Polisario, comme un chef militaire et un «fonceur», Brahim Ghali le prouve à travers un geste politique symbolique qui mettra, sans doute, les autorités marocaines «dans tous leurs états». Il s'agit du déplacement effectué, hier, à Guerguerat, au sud des territoires libérés, à quelques dizaines de mètres de l'océan Atlantique et de la partie du Sahara occidental occupée par le Maroc. «L'événement est plus important que l'Eucoco, car il est porteur d'un message fort qui traduit la nouvelle stratégie du Polisario : passer à l'offensive contre l'occupant marocain», expliquent des sources sahraouies rencontrées à Velanova. Selon nos sources, la réactivation, à la veille de ce rendez-vous, de cette vieille «affaire classée depuis quelques années n'est qu'une autre tentative vaine du royaume de perturber la tenue de la conférence». Cette visite à Guerguerat, 3e Région militaire sahraouie, est, estiment les Sahraouis, très importante au point de vue de la symbolique. C'est là où les soldats sahraouis et ceux de l'occupant marocain se retrouvent nez à nez. Et la moindre étincelle pourrait être le début d'une nouvelle guerre dans la région. «Les militaires marocains multiplient les provocations dans cette localité pour envenimer la situation», ajoute-t-on. En finir avec la situation actuelle C'est, vraisemblablement, ce que veut rappeler Brahim Ghali, un des partisans du retour à la guerre, pour en finir avec la situation actuelle qui ne sert pas du tout le peuple sahraoui qui souffre d'un colonialisme abject et d'une vie précaire. Pour cette aile du Polisario, il n'est plus question d'attendre la communauté internationale qui «ne fait plus rien» pour appliquer le contenu des résolutions onusiennes. Pour rappel, le haut tribunal espagnol avait décidé, selon la presse ibérique, de poursuivre le président sahraoui Brahim Ghali pour «génocide», suite à une plainte contre lui portée par une «association sahraouie pour les droits de l'homme», une organisation manipulée certainement par le Maroc. Cette association accuse aussi trois officiers de l'armée algérienne d'avoir «mené avec Brahim Ghali une campagne visant à éliminer les élites sahraouies d'origine espagnole, avec l'intention de rompre les liens entre les différentes tribus et leurs autorités naturelles afin d'obtenir un contrôle direct et efficace sur l'ensemble des réfugiés sahraouis dans les camps». Une accusation que réfutent, bien sûr, les Sahraouis qui dénoncent les provocations itératives du Maroc et ses violations des décisions internationales. Les provocations des Services marocains ont été même «exportées» à Barcelone. Comme à leur habitude, des envoyés du makhzen, surexcités, ont tenté, dès le début de la matinée d'hier, de perturber l'événement en faisant du bruit devant le Parlement catalan où ont été reçu des participants à la conférence, dont des parlementaires algériens. Mais en vain. Les travaux de la conférence ont commencé dans l'après-midi, avec pour objectif de tracer le plan de travail pour 2017.