Le mot d'ordre pour une grève de trois jours renouvelable, à partir de demain, est maintenu par 12 syndicats autonomes. L'intersyndicale de la Fonction publique a été rejointe par le syndicat autonome des travailleurs du groupe Sonelgaz, qui reste toutefois le seul représentant du secteur économique dans ce mouvement de protestation contre la réforme de la retraite et contre le projet de loi de finances 2017. Après une série de grèves cycliques entamées en octobre dernier, aucune réaction n'a été enregistrée de la part du gouvernement. «C'est la fuite totale du débat. Le gouvernement n'a pas les arguments pour contrecarrer nos propositions alternatives à la suppression de la retraite anticipée ou aux augmentations prévues par la loi de finances», constate Meziane Meriane, coordonnateur national du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), les représentants de l'intersyndicale ont défendu leur choix de maintenir le mouvement de protestation. «L'histoire retiendra que ces syndicats ont défendu les acquis des travailleurs et se souviendra toujours de la position du Parlement. Si le vote est un facteur du projet de loi de finances, l'institution sera tenue pour responsable de la misère qui va s'abattre sur les Algériens dans les années à venir», soutient Idir Achour, porte-parole du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela). Pour les syndicats protestataires, c'est toute l'Algérie qui est à la croisée des chemins. «C'est aux syndicats autonomes de sauver le pays et les travailleurs algériens», insiste Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), en lançant un appel aux étudiants pour rallier le mouvement de protestation «pour défendre leur avenir». Le syndicaliste relève par ailleurs «l'incohérence» des arguments du gouvernement quant au maintien des hausses des taxes et autres augmentations dans le cadre du plan d'austérité imposé suite à la baisse des revenus nationaux. Ceci «alors que le Parlement défend un budget annuel de 6000 milliards pour le fonctionnement de l'APN qui prévoit une prime de fin de mandat de 2,6 millions de dinars pour chaque député». L'austérité ne touche que les travailleurs, dénonce M. Amoura qualifiant l'APN de comité de soutien gouvernemental et «non pas de représentant du peuple». Des sacrifices inutiles Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique, s'alarme quant aux retombées de l'adoption et de l'application du nouveau code du travail dicté par le Fonds monétaire international et des membres du patronat, qui va «consacrer la précarité de l'emploi» et «signera l'acte de naissance d'une nouvelle catégorie de travailleurs saisonniers totalement dans la précarité». Le syndicaliste estime que «la non-reconnaissance des syndicats autonomes en tant que partenaires accentue la crise en l'absence d'alternative aux fausses solutions que le gouvernement est en train d'imposer». D'autres formations syndicales estiment que le silence du gouvernement «est un mépris total envers les syndicats autonomes qui ne cherchent qu'à défendre les intérêts des travailleurs qui les ont délégués», dont Mme Djitli, chargée de communication au Syndicat national des vétérinaires de la Fonction publique. «Les terroristes ont été reçus à la Présidence, le gouvernement les a consultés à maintes reprises, au moment où les syndicalistes sont traités comme des traîtres à la nation», dénonce M. Achoui, représentant de Syndicat de l'administration publique. Le ton des syndicats autonomes risque de se «durcir» si le gouvernement ne recule pas sur le dossier de la loi de finances et de la réforme de la retraite. Selon M. Boudjenah, président du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), «un travail de mobilisation a été mené à l'adresse de tous les travailleurs pour que la grève soit une réussite». «Si le gouvernement persiste dans sa politique de fuite en avant, le ton sera plus dur», menace M. Boudjenah. Le président du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), Salim Ouilha, estime que les sacrifices demandés aux travailleurs «ne sont d'aucun secours, puisque la politique mise en place n'aboutira à aucun résultat».