Quel message retenez-vous à l'occasion de la 32e Eucoco Cette conférence est d'abord un grand succès sur le plan de la participation, c'est un premier message parce qu'on a élargi le mouvement de solidarité. Beaucoup de pays africains, beaucoup de pays latino-américains, d'organisations syndicales ont participé à cette rencontre. C'est un phénomène nouveau que nous allons amplifier pour témoigner que derrière la cause sahraouie il y a dans les peuples du monde une attente, celle de ce droit à l'autodétermination. Quand on se bat ici pour l'autodétermination du peuple sahraoui, c'est en même temps se battre dans la manière dont nous voyons l'humanité se construire ensemble. Le deuxième témoignage, c'est que si les Marocains ont pensé qu'avec le temps ils pouvaient laisser pourrir la situation et croire qu'on allait se désintéresser de la cause sahraouie, c'est l'inverse qui se produit, c'est qu'il y a une adhésion de plus en plus importante sur le plan international au sein de nouveaux mouvements qui se créent comme le forum social mondial, il y a un intérêt majeur pour les causes comme celle du peuple sahraoui. Le troisième aspect que je voudrais souligner, c'est qu'il y a dans l'opinion publique internationale aujourd'hui une analyse que ce qui se passe en Palestine ou en Irak c'est criminel et donc il faut revenir à la légalité internationale. Il n'y a qu'un cadre qui doit permettre de construire une société de paix et justice, c'est le cadre de l'ONU et ce sont les résolutions pertinentes des Nations unies qui permettent de construire le droit international et qui permettent de définir la légalité internationale. C'est dans ce cadre que doit se faire toute étape nouvelle dans le processus d'autodétermination du peuple sahraoui. Que pensez-vous du projet d'autonomie que propose le Maroc ? Le Maroc propose depuis tout le temps mille et une solutions, c'est exactement le même savon avec un même emballage qui a été déjà proposé par le roi Hassan II. Son successeur n'a fait aucun progrès dans l'analyse d'une situation et c'est lui aujourd'hui qui est en train de faire du sur-place dans ce processus. Il faut que le peuple marocain se rende compte où est son intérêt. Son intérêt, c'est la coexistence pacifique avec le peuple sahraoui dans le respect des droits de ce peuple et c'est la seule façon de pouvoir construire demain l'UMA qui est un impératif pour l'ensemble du peuple arabe qui ont besoin de cela pour sortir de la situation de l'instabilité de la région, pour aller vers un développement commun de toute la région et pour être un partenaire crédible face à l'UE pour résoudre non seulement la question du Sahara occidental mais résoudre la question de la coexistence des deux rives de la Méditerranée. Comment expliquez-vous l'abstention de la France et de l'Espagne, lors du vote, dans la 4e commission, de la résolution de l'ONU ? L'an passé, tous les pays se sont abstenus. La bouteille s'est remplie parce qu'il y a 15 pays qui ont voté en faveur de cette résolution. Il faut savoir qu'il y a un changement en Europe. Il y a une nouvelle vision des Européens par rapport à l'impérialisme américain et il y a distanciation. Ce distanciation se marque non seulement en Irak, non seulement dans la question palestinienne mais par rapport à l'ensemble de la vision que nous avons du pourtour méditerranéen et pour la question du Sahara occidental. Je crois que c'est ça qu'il faut voir dans ce vote, c'est que les pays européens veulent rappeler la responsabilité des Nations unies et donc rappellent aussi le droit international, le droit à l'autodétermination. Peut-on comprendre cette attitude de la France à s'opposer farouchement au droit à l'autodétermination des Sahraouis ? On sait que la France a un cousinage entre M. Chirac et le roi du Maroc. La France est en train de perdre ses marques sur tous les dossiers africains. Que ce soit en Côte d'Ivoire, que ce soit dans les autres parties de l'Afrique, on voit que la France a perdu sa vision africaine qu'elle avait et qui était intéressante et elle a une dérive qui est un soutien unilatéralement sans tenir compte du droit, comme le font les Américains en Irak, on soutient celui qui est plus fort dans un Etat où c'est le droit qui doit triompher. C'est une violation même des principes de la République française. C'est regrettable de voir la France qui défend au plan international des valeurs des droits de l'homme et qui dans les faits, lorsqu'elle est confrontée à un problème concret d'un petit peuple qui défend ses droits, elle viole ces mêmes droits. Peut-on savoir pourquoi le rapport de HCDH n'a pas été publié ? Ce sont des pressions de la part des pays qui sont au Conseil de sécurité comme la France, parce qu'il y a la pression marocaine qui a tenté de faire barrage pour un rapport qui était extrêmement bien fait. La commission du Haut Commissariat pour les droits de l'homme de I'ONU témoigne qu'elle a effectivement fait sa réforme et cette réforme devrait conduire à ce qu'il soit nommé un rapporteur des Nations unies pour la question du Sahara occidental. Que pensez-vous du mandat de Kofi Annan ? Le mandat de Kofi Annan (secrétaire général de l'ONU) s'est terminé mieux que ses prédécesseurs. M. Annan a terminé en rappelant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Il laisse un message clair pour son successeur, il lui laisse un chantier qui est un chantier des Nations unies qui devrait avoir la dignité de le conduire à son terme.