Dans une conférence de presse animée hier à Alger, les délégués des syndicats ont dénoncé le mépris du gouvernement vis-à-vis des préoccupations soulevées par les représentants des travailleurs. Treize syndicats autonomes tiendront aujourd'hui un rassemblement national pour protester contre plusieurs mesures de la loi de finances 2017 et la réforme de la retraite que le gouvernement s'apprête à mener. Ces formations, encadrées dans l'intersyndicale, entament aujourd'hui la deuxième partie de la grève cyclique de trois jours enclenchée le 21 novembre. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, les représentants de ces syndicats ont dénoncé le mépris du gouvernement vis-à-vis des préoccupations soulevées par les représentants des travailleurs. «La crise que vit notre pays est d'abord celle de la reconnaissance du multipartisme et multisyndicalisme», soutient Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), déplorant l'exclusion des syndicats autonomes du débat sur les questions qui concernent directement les travailleurs «alors qu'ils sont une force réelle sur le terrain». «Nous voulons, à travers le rassemblement, alerter le gouvernement et les élus qui auront à se prononcer sur le texte sur les conséquences dangereuses qui vont découler de la loi de finances qui va paupériser toute la masse travailleuse du pays», estiment les différents syndicalistes qui sont intervenus. «Nous voulons alerter le gouvernement sur les risques d'explosion sociale. Nous n'arrêtons pas de dire qu'il est préférable de discuter et de trouver des solutions transitoires que d'avoir à faire des concessions par la force de la révolte de la rue qui ne saura tarder à venir», prévient Idir Achour, porte-parole du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela). Ce dernier, ainsi que plusieurs de ses camarades, sont pessimistes quant au devenir des milliers de travailleurs. «Avec l'adoption de la loi de finances, le quotidien des travailleurs sera encore plus dur. Les clauses de la loi de finances 2017 contiennent de nouvelles augmentations. Le pouvoir d'achat va encore baisser de 25%, dénonce le syndicaliste. Actuellement, le salaire mensuel moyen d'un travailleur permet de couvrir uniquement 20 jours du mois et sera réduit de cinq autres jours en 2017. Le chômage va atteindre 15%, vu qu'il n'y aura pas d'investissements. C'est ce qui nous attend en 2017 et le gouvernement, qui refuse de reculer en négociant et trouvant des solutions dans le cadre d'un dialogue organisé, reculera quand même, mais ce sera face à la colère de la rue.» Le pouvoir d'achat baissera encore de 25% Les membres de l'intersyndicale ne s'attendent pas à un revirement de la position de la majorité des parlementaires de l'Assemblée populaire nationale «qui est d'abord une assemblée illégitime, issue d'une loi électorale qui ne favorise pas l'émergence de vrais élus», souligne Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). «Presque tous les parlementaires reconnaissent que les mesures qui vont être décrétées ne seront pas en faveur des couches moyennes et défavorisées, mais le vote, sauf surprise, sera en faveur du texte. Nous espérons que le gouvernement reculera et que des consignes de vote contre ce texte seront données aux députés avant qu'il soit trop tard», ajoute le même syndicaliste. «C'est malheureux et honteux, ce mépris envers les syndicats et les députés, puisque le texte va passer comme une lettre à la poste», déplore Ouilha Salim, membre du Conseil national autonome du personnel enseignant des secteurs ternaires de l'éducation (Cnapeste), qui dresse un tableau noir des tournures que vont prendre les mesures de «paupérisation de la couche moyenne, la répression administrative, le recul sur les droits fondamentaux des travailleurs». Les syndicats protestataires menacent de durcir le ton si le texte est adopté. Une réunion est prévue le 3 décembre et «la base se prononcera selon l'évolution du dossier», explique Sadek Ziri, président de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef). Les représentants des syndicats autonomes appellent à «une forte mobilisation pour la réussite du rassemblement pacifique et sans dérapage», insiste Abdelkrim Boudjenah, président du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte). Ce dernier rappelle que les actions précédentes étaient «un franc succès» malgré la guerre des chiffres qui a prévalu. Les 13 syndicats, représentant les secteurs de l'éducation, la santé, la formation professionnelle, l'administration publique, Sonelgaz et l'agriculture, exigent des mesures de protection du pouvoir d'achat et dénoncent celles contenues dans la loi de finances 2017 «qui doit susciter la mobilisation de toute la société». L'intersyndicale exprime également le rejet de la réforme de la retraite dans le cadre de l'amendement du code du travail et exige l'association des syndicats autonomes dans l'élaboration du nouveau code du travail.