Les députés de l'opposition ont proposé et insisté sur le report du débat sur ce projet qui a suscité une polémique et des interrogations, en vain. Comment peut-on débattre du projet de loi relatif à la retraite alors que l'APN est sous embargo ? Elle est assiégée par une armada de policiers. Honte à ce Parlement, à son bureau et à ces représentants», ont scandé, hier, les parlementaires de l'opposition dans le hall de l'hémicycle Ziroud Youcef. Ces députés ont proposé et insisté quant au report du débat sur ce projet qui a suscité une polémique et des interrogations. En vain. La plénière a eu lieu et 175 députés se sont inscrits pour intervenir et apporter leur appréciation. A l'entame des débats, au moment de la lecture du rapport préliminaire de la commission santé, affaires sociales et travail de l'APN, les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) et du Parti pour la justice et le développement (PJD) ont quitté la séance plénière pour protester contre ce qu'ils qualifient de «rapport préfabriqué» et «imposé d'en haut». Ils dénoncent plus particulièrement leur non-association à l'élaboration du contenu du rapport. Les parlementaires du FFS leur ont emboîté le pas en signe de protestation contre ce texte de loi et surtout contre l'encerclement du siège de l'APN par un dispositif de sécurité déployé aux alentours afin d'empêcher les syndicats autonomes d'organiser un sit-in pacifique. Les élus PT ont, quant à eux, rejoint carrément les manifestants en signe de solidarité. Abderrahmane Benfarhat, président du groupe parlementaire AAV, accuse la commission compétente de ne pas avoir débattu le texte et d'avoir élaboré le rapport préliminaire sans aucun amendement. «Les membres de la commission ont pour mission d'élaborer un rapport sur tous les projets qui émanent du gouvernement de manière collégiale et en concertation avec les concernés dans le domaine. Or, ce rapport nous a été imposé et nous ignorons qui l'a rédigé. C'est inadmissible», explique le député. «L'AAV refuse de cautionner un tel document.» Les députés du MSP ne nient pas que le pays traverse une crise financière, mais se range du côté des travailleurs. «L'histoire vous jugera» Le député Belkaidi Abdelaziz pense que l'Etat a commis une erreur grave en annonçant la suppression de la retraite anticipée du jour au lendemain. «Cette mesure a été instaurée il y a 15 ans, les travailleurs ont considéré cela comme un acquis. Pour corriger cette situation, il aurait fallu passer par une phase transitoire, expliquer et préparer les mentalités. C'est de cette façon que l'on peut arriver à un consensus. Avec le mépris et la répression, nous n'arrivons à aucun résultat», affirme cet élu. Chafaa Bouaiche, chef du groupe parlementaire FFS, s'est élevé contre un Parlement qui tourne souvent le dos au peuple. Jugeant que les conditions permettant de discuter un projet aussi important ne sont pas réunies, les députés FFS ont claqué la porte de la session en qualifiant de «honteuse» l'attitude des responsables de la Chambre basse. «Nous dénonçons ce Parlement usurpé. La logique aurait voulu l'annulation de cette séance. Il est insensé de débattre d'un projet rejeté par la moitié des travailleurs», lance M. Bouaiche qui déplore, en outre, le refus du bureau de l'APN d'accorder au FFS l'organisation d'une journée parlementaire sur la question de la retraite. «Ce bureau est composé d'une mafia, d'une oligarchie. Nous sommes en train de détruire tous les repères de ce peuple. C'est une honte pour ces représentants du peuple. Comment peut-on participer à un débat alors que les travailleurs sont malmenés à l'extérieur ? Nous sommes avec les revendications légitimes du peuple», explique le député. Les élus du PT, qui ont rejoint en début d'après-midi le Parlement, ont appelé le gouvernement à la raison. «Il faut savoir raison garder», estime le député Taazibt, dont le parti lutte pour le retrait du projet de loi et l'ouverture d'un débat non exclusif. «La solution n'est pas dans la répression qui ne peut que pousser aux affrontements et risque de mener vers une explosion sociale. Cette loi est inutile, c'est pour nous une contre-réforme», renchérit Taazibt, qui s'insurge contre le comportement du pouvoir face à des revendications légitimes. Les parlementaires de l'opposition ont également dénoncé la programmation en une seule journée du débat sur un projet aussi important alors que le vote interviendra dans trois jours : «Nous ne comprenons pas pourquoi cette précipitation, pourquoi vouloir à tout prix empêcher les syndicats de s'exprimer. Rien n'est supérieur à l'intérêt de la nation. L'histoire jugera ceux qui cautionneront ce projet.»