Même s'il y a moins de fuites d'eau, il y a un manque d'entretien des infrastructures faute de personnel qualifié. Ce n'est pas la ressource qui manque, c'est sa gestion qui pose problème». Le mot est de Mostefa Mechati, directeur des ressources en eau de la wilaya d'El Tarf (DRE), qui énonce une évidence pour une wilaya dont on dit, à tort, qu'elle regorge d'eau, en comparant avec le reste du Maghreb. Il est vrai qu'il y a probablement moins de fuites, puisqu'on voit moins de cours d'eau dans les rues. Il en reste cependant suffisamment pour creuser le déficit entre les volumes mobilisés et ce qui arrive aux robinets. «Pour commencer, il n'y a pas de compteurs. Il en manque toujours et ensuite il n'y pas d'entretien des infrastructures à cause d'un déficit en personnel qualifié», dira le DRE. Bref, comme chacun le sait, l'Algérienne des eaux (ADE), qui a repris le relais après la Société des eaux de Annaba et d'El Tarf (Seata) est une véritable calamité, qui a fait fuir les Allemands, venus à la rescousse. Il y a un plan émanant du ministère des Ressources en eau et de l'Environnement (MREE), qui reprend ces aspects de la gestion de la ressource, avons-nous appris. Ce n'est pas le premier, et dans son articulation rien n'indique que les choses vont vraiment changer. Des efforts, il y en a en ce moment, selon Mostefa Mechati, et la situation, qui, il faut l'avouer, s'est nettement améliorée par endroits, notamment à El Kala et sur le couloir de la RN 44, ira en progressant. Il y a, en cours, une grosse opération de réhabilitation de la station de traitement du barrage de Mexa, sur l'oued El Kébir, qui va probablement pouvoir mettre fin à la qualité de cette eau servie en été avec un arrière-goût repoussant, qui fait prendre d'assaut les sources de la région où les gens vont chercher de l'eau potable. Une réfection qui va également accroître la capacité de traitement, ce qui signifie plus d'eau vers le réseau de distribution. Le DRE a annoncé également la mise en service prochaine de 2 nouveaux forages pour El Kala d'une capacité de 2x60 l/s. Ceci pour combler la demande croissante des nouveaux quartiers de Meridima, l'extension de la ville, où se construit également une station de traitement des eaux usées, qui, pour l'instant, rejoint le lac Oubeïra. Augmenter les capacités de stockage On annonce également une nouveauté. Au barrage de Cheffia, sur l'oued Bounamoussa, on a installé une station flottante de 400 l/s à laquelle est adjointe une station de traitement flottante également pour combler la demande des mechtas des daïras de Bouhadjar et Zitouna et mettre fin à la souffrance des populations de ces régions montagneuses du sud de la wilaya. A l'ouest, rien de nouveau. L'AEP des agglomérations de cette zone, dont Besbès, Drean et Chbaïta-Mokhtar, est liée au raccordement aux Salines. Une histoire qui dure avec la réfection de la conduite de 24 km Les Salines-Besbès, qui, selon le DRE, est en voie de règlement définitif avec la fin de la pose des conduites, un projet spécial, financé par le Fonds national de l'eau (FNE). Pour Mostefa Mechati, la priorité de son secteur est orientée vers l'augmentation des capacités de stockage de la wilaya de 90 000 m3 et de pouvoir appliquer un programme d'alimentation en H24 des principales agglomérations. Il y a 20 réseaux de distribution dans les chefs-lieux des communes de la wilaya qui en compte 24. Ce qui fait qu'il y en a quatre qui en sont dépourvues. Pour le DRE, c'est un problème de taille qui prend les proportions d'une bombe à retardement. Ce sont les zones éparses, où des réseaux anarchiques, réalisés par les citoyens, se sont multipliés et individualisés. «C'est pire avec l'assainissement qui forme une sorte d'entre-lacs entre les réseaux de distribution d'eau», poursuit le DRE. Et à propos du massif dunaire de Bouteldja (200 km²) qui s'étire entre Chatt et le Cap Rosa et qui contient la grande nappe libre dite Bouglez, on n'a pas beaucoup d'informations sur sa situation actuelle. Exploitée, inexploitée ou surexploitée, il y a de plus en plus de nouveaux forages autour, en plus des 60 forages réalisés dans les années 1970 au profit de l'AEP de la ville d'Annaba. On n'en sait rien en dehors du fait que le MREE a confié une étude à l'ANRH pour estimer ces eaux souterraines.