Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a effectué, samedi dernier, une visite de travail à El Tarf. Il a sillonné la wilaya pour visiter des projets en cours et procéder à quelques inaugurations. A Souk Reguibat, au bord du lac Mellah dans la commune d'El Kala, il a lancé les travaux d'un nouveau forage, pour l'AEP de cette mechta. Mais on a probablement omis de dire qu'un premier forage qui a coûté 2 millions de dinars, a été réalisé voilà 5 ans, mais qu'il n'a donné de l'eau que pendant trente jours. La population a donc repris ses bidons pour puiser son eau dans les sources. Le ministre a ensuite visité les chantiers du projet dit « AEP de la bande frontalière ». Un programme de la relance économique de plus de 600 millions de dinars qui a pour objectif l'approvisionnement en eau de Ramli Souk, Oued El Hout, Oum Teboul et El Aïoun à partir de la conduite d'adduction qui va du barrage de Mexa à El Kala. Les travaux sont en cours. Ce projet a suscité des interrogations et même quelques protestations. On s'interroge d'abord sur le fait qu'on a eu recours à des conduites en fonte importées au prix fort, alors que l'acier ou le PVC aurait pu aisément faire l'affaire puisque l'écoulement se fait par gravité sur une grande partie du tracé. On se demande aussi, pourquoi le forage de 8 l/s pour l'AEP de Oued El Hout, qui a coûté 40 millions de dinars, inauguré pompeusement au début de cette année par le précédent ministre Douilhasni, et qui devait satisfaire les besoins de cette localité jusqu'en 2025, nous a-t-on asséné victorieusement, n'a jamais fonctionné. Les techniciens nous disent que c'est parce qu'on a mal calibré la conduite en PVC qui n'a pas résisté à une pression demandée. La commune d'El Aïoun a bénéficié en 2001 d'un projet de 90 millions de dinars pour assurer son AEP jusqu'en 2025. Il s'agissait, en fait, de réaliser une conduite d'adduction à partir d'Oum Teboul. De l'argent jeté, nous disent les citoyens, car les conduites en acier mises en place se sont corrodées avant même la mise en service. On prévoit de la reprendre et de la « réhabiliter » pour le projet « AEP bande frontalière », nous a-t-on appris auprès des services de l'hydraulique.Ce n'est pas fini. A Oum Teboul, on est surpris d'apprendre que l'eau va venir du barrage, alors que les ressources de la nappe de la plaine, de meilleure qualité, peuvent largement couvrir les besoins de la commune. Sinon pourquoi aurait-on pris, il y a quelques mois, la décision de connecter El Aïoun et Oued El Hout à des forages de la plaine ? La source de Melloul donne à elle seule un débit de 20 l/s ! Le ministre des Ressources en eau est également passé voir les travaux de réfection de la station d'épuration d'El Melha. Réalisée il y a plus de 20 ans pour traiter les eaux usées du village avant leur rejet dans le lac du même nom, elle n'a jamais fonctionné, comme par ailleurs sa sœur cadette d'El Kala pour une raison connue de tous : nul n'est en mesure de les gérer techniquement et financièrement. Une enveloppe de 30 millions de dinars est allouée à cette « réhabilitation ». La station n'avait coûté que quelques dizaines de milliers de dinars en 1982. A Zitouna et Bougous, qui souffrent de pénurie d'eau chronique, l'ancien ministre des Ressources en eau, Aïssa Abdellaoui, avait alloué un programme de 300 millions de dinars pour la « réhabilitation des conduites d'adduction ». Les crédits sont consommés et la population n'a toujours pas d'eau ! L'été dernier, à Chihani, la population se soulève, et il y a eu du grabuge. Des gens passent quelques heures en prison. Motif : la soif ! On renouvelle vite fait la conduite d'adduction mais l'eau ne vient pas et il n'y en a toujours pas à Chihani. « C'est l'argent du président ! », s'est entendu répondre un élu de l'APW qui interpellait le wali pour avoir une explication à cette incohérence. Une APW qui, de l'avis de tous, est également loin de jouer le rôle qui lui sied. Au début de ses fonctions, le wali Djillali Aârar, avait fait constat sans complaisance sur l'état de la wilaya. Il avait lâché une formule à propos des conduites de l'hydraulique : « Des milliards ont été ensevelis. » Manifestement cela n'a pas beaucoup changé.