Samedi, la bibliothèque principale de lecture publique, jusque-là dédiée à l'activisme tous azimuts, dont la grande salle a souvent été utilisée pour des conférences et des meetings, semble enfin vouloir renouer avec sa mission primordiale. Elle a ainsi inauguré une activité, dont l'intitulé est «Kateb oua kitab» et qu'elle annonce inscrite dans la durée. Rencontre autour d'une œuvre et d'un auteur, son premier numéro a été réservé à un Témouchentois, qui a consacré son cursus universitaire à la littérature de voyage, un genre qui existe depuis l'Odysée d'Homère, en passant par Ibn Batouta. Précisément, l'invité, le Dr Bekhiti Aïssa, est lauréat, parmi sept autres, du prix Ibn Batouta de la littérature de voyage, édition 2016, une gratification décernée, chaque année, par le Centre arabe de la littérature géographique d'Abou Dhabi. Le récipiendaire s'est illustré par son étude portant sur les écrits de presse de voyage produits en Algérie entre 1930 et l'indépendance. Si au plan méthodologique l'écrit journalistique et le texte littérature sont aujourd'hui répertoriés différemment, en ce qui concerne la période considérée par le chercheur, l'unique support d'édition d'un auteur en langue arabe était la presse du mouvement national. Par ailleurs, ceux qui se faisaient publier par ce moyen n'étaient pas des journalistes, alors que leurs écrits répondent plus aux critères de la littéraire en matière de style d'écriture. Le public présent était nombreux pour une rencontre littéraire, constitué en partie d'universitaires et d'étudiants, ce qui augure que Témouchent puisse enfin se targuer d'être une ville universitaire. A cet égard, deux étudiants, Dalaâ Imène et Kefif Mehdi, ont, en complément du programme, donné à entendre chacun des poèmes de leur cru, des textes aux qualités poétiques certaines. Si pour sa première édition «Kateb oua kitab» a été un moment bien sympathique, il lui reste quelques ajustements à réaliser en arrêtant, en particulier, un programme qui n'obéisse pas au hasard, un programme qui fidélise un public en faisant également le choix d'auteurs, pas seulement locaux, des auteurs ayant une notoriété. Et enfin, qu'elle se déleste du protocole pour davantage de convivialité : voit-on quelque part une rencontre littéraire d'une matinée débuter par l'hymne national?