Plus d'un mois après sa désignation à la tête du FLN, Djamel Ould Abbès s'est mis tout le monde à dos. La période de grâce du secrétaire général du Front de libération nationale est terminée. Depuis quelques jours, les critiques pleuvent sur celui censé remettre le parti en ordre de marche à un peu plus de quatre mois des prochaines législatives. Pourtant le 22 octobre lors de la démission surprise de Amar Saadani et son arrivée à la tête du parti à la faveur de son âge, tous ceux qui se sont opposés à l'ancien secrétaire général, ont salué son discours d'ouverture et de rassemblement. «Mon premier objectif est d'aller ensemble vers les législatives et les élections de 2019. Il faut resserrer les rangs et c'est un appel à tous les militants et anciens responsables : les portes sont ouvertes sans marginalisation et sans exclusion», avait lancé le nouveau secrétaire général du FLN. Un peu plus de trente jours plus tard, beaucoup ont déchanté et l'accusent de tenir un discours à géométrie variable et des engagements sans lendemain. «On le soupçonne de vouloir diviser pour mieux régner, affirme un sénateur du parti. Depuis son arrivée à la tête du FLN, il a beaucoup promis, mais sans suite.» Sans compter que sa décision de faire appel à Abdelaziz Ziari et Mohamed Seghir Kara, «deux personnalités jugées sans ancrage, et qui s'étaient mis en congé du parti» et ses contacts avec Abdelkrim Abada ont fait «grincer des dents». Les critiques les plus acerbes viennent du groupe de Belayat qui n'hésite plus à menacer de présenter ses propres listes pour les législatives de 2017, dans le cas où la situation au sein du parti reste en l'état. «Ce ne sont pas des listes parallèles, déclare Abderrahmane Belayat, car nous nous considérons comme les représentants du FLN officiel.» Pis, on soupçonne le secrétaire général d'être l'otage d'une partie du bureau politique et de subir son diktat. Depuis quelques jours, des informations savamment orchestrées font état d'une pétition pour un retrait de confiance signée par quatre d'entre eux. Si le responsable de la communication, Hocine Khaldoun, juge ces allégations «sans fondement», beaucoup regrettent l'erreur tactique de Djamel Ould Abbès de ne pas avoir renouvelé une partie du bureau politique. «Il a raté une occasion extraordinaire de se débarrasser d'un noyau dur au sein du BP, juge un ancien membre du bureau politique. Il aurait dû profiter de l'effet de surprise pour couper des têtes.» Le même grief lui est fait après l'anicroche entre le président du groupe parlementaire Mohamed Djemaï et le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa. Là encore, on lui reproche son absence de réaction alors que le limogeage du président du groupe paraissait «inéluctable», après le refus de la grande majorité des députés du FLN de quitter l'hémicycle, à la demande de M. Djemaï. «Nous sommes dans une situation très compliquée à quatre mois des législatives. Ni la commission de wilaya ni celle nationale ne se sont réunies. Je me demande comment les listes vont être confectionnées», s'inquiète un cadre du parti. Pour se justifier le secrétaire général du FLN a reconnu samedi, en marge d'une réunion avec le groupe parlementaire au Sénat, que la phase actuelle est «difficile».