Renzi a creusé sa propre tombe lorsqu'il a lié à son mandat de chef du gouvernement le résultat du référendum pour la réforme de la Constitution. Une fois la défaite encaissée, puisque le suffrage a été rejeté par 59% des votants, Renzi n'a eu d'autre alternative que de présenter sa démission au président de la République. Le sémillant Matteo Renzi ne s'attendait pas à un désaveu populaire aussi net contre sa politique. Ce désamour clairement prononcé aux urnes par les citoyens italiens a poussé le jeune homme politique à jeter l'éponge de manière irrévocable, assurent ses proches. Dans son discours, prononcé dimanche soir, une heure à peine après la fermeture des bureaux de vote et la diffusion des premiers exit poll, le Premier ministre sortant a reconnu sa défaite. «J'ai perdu et le premier fauteuil qui doit sauter, c'est le mien», a-t-il déclaré avec un sourire qui se voulait détendu, à partir du palais Chigi. Ne ménageant pas ses adversaires, il a voulu leur lancer un défi en les invitant «à faire mieux et à mener les réformes» que le pays attend. Affirmant n'avoir pas de regret, il s'est toutefois laissé aller, dans l'intimité, à cet amer constat : «Je ne pensais pas qu'on me détestait autant...». Cette certitude a poussé Renzi à décliner la proposition du président de la République Sergio Mattarella, qui lui a suggéré, lors d'une conversation téléphonique, selon ce que rapporte la presse italienne, de «former un gouvernement-bis». Le chef de l'Etat n'a donc, sauf revirement de Renzi, d'autre alternative que d'entamer une série de consultations avec les forces politiques du pays, à commencer par la formation majoritaire au Parlement, le Parti démocrate, et les autres acteurs de la scène politique (Forza Italia, la Ligue du Nord, Mouvement 5 étoiles…) pour décider de la voie à suivre pour sortir de cette crise institutionnelle. Et même si l'extrême-droite et le Mouvement 5 étoiles réclament des élections législatives anticipées, Mattarella demeure conscient que sans une nouvelle loi électorale qui trouve un consensus parmi les partis, il ne serait pas réaliste de dissoudre le Parlement. Il faudra donc temporiser jusqu'à ce que le projet de loi électorale présenté par l'équipe de Renzi, appelé Italicum, fasse l'objet des modifications souhaitées par l'opposition et soit promulgué. En attendant, pour gérer les affaires courantes du pays, faire voter la loi de finances et préparer les élections anticipées (ou attendre la fin du cycle législatif prévue pour 2018), le président italien doit désigner une personnalité qui fédère autour de son profil tous les courants politiques. Le nom le plus cité est celui de Pier Carlo Padoan, ministre de l'Economie, candidat désigné pour rassurer les marchés financiers et le système bancaire européen, suivi de celui du président du Sénat, Pietro Grasso, ancien magistrat. Deux ans et demi après son arrivée au pouvoir suite à la chute, provoquée par lui, du gouvernement de son compagnon de parti Enrico Letta, l'ancien maire de Florence est contraint à se retirer à cause de cette «malheureuse» consultation électorale. Et même s'il est difficile de distinguer les électeurs qui ont voté «non» pour défendre la Constitution actuelle de ceux qui ont usé de ce référendum pour éperonner le détesté Renzi, il reste indéniable que les Italiens, dans leur majorité, ont voulu rompre avec la ligne politique imposée par le Parti démocrate qui compte en son sein des frondeurs mécontents de leur chef de file. Renzi, secrétaire générale du PD, devra peut-être renoncer également à ce poste, estiment ses détracteurs.