Il y a certainement moins de bousculade dans les stations-service pour s'approvisionner en essence, quoique, à l'annonce de la hausse des prix au 1er janvier prochain, il y a comme un frémissement dans le mouvement des trafiquants tunisiens, qui passent et repassent par les postes frontaliers. Les trafiquants algériens, eux, sont plus discrets, pour ne pas dire invisibles. On ne voit plus beaucoup les «Toyota Hilux de l'Ansej», leur véhicule de prédilection pour acheminer la marchandise sur la bande frontalière. Pour Athmani Fethallah, directeur de l'énergie de la wilaya d'El Tarf, le quota journalier d'El Tarf en carburant, qui est de 622 m3, a sensiblement baissé depuis le début 2016 par l'effet de la hausse des prix au 1er janvier 2016. L'approvisionnement s'est aussi nettement amélioré pour les 33 stations-service de la wilaya depuis la mise en service du pipe entre Skikda et Berrahal, centre de stockage régional, qui a de la sorte supprimé la moitié du transport routier. Pas d'inquiétude non plus aux portes de l'hiver avec l'approvisionnement en gaz butane. Le centre d'enfûtage de Metroha est en mesure de répondre largement à la demande, avec le remplissage de 7000 bobonnes par jour. «Et si nous sommes à l'aise, c'est aussi parce que dans la période 2014-2016, avec de gros efforts de Sonelgaz, ce sont pas moins de 8 communes qui ont été raccordées au réseau de gaz naturel», a tenu à préciser le directeur de l'énergie. On compte 3000 foyers, si on en croit la documentation fournie par la SDE d'El Tarf, lors de ses journées portes ouvertes organisées à la mi-novembre. Il y a 10 ans, en 2006, la SDE (ex-Sonelgaz) n'avait que 5237 abonnés au réseau du gaz naturel. «Une progression fulgurante, qui risque cependant d'être contrecarrée et inhibée», nous avoue son directeur, Ahmed Tabache, par les lourdes créances que détient son entreprise auprès des abonnés particuliers et publics. Plus de 600 milliards de dinars à fin septembre 2016. Un chiffre qui était de 704 millions de dinars en 2015. Sonelgaz est en mesure de répondre à court terme aux besoins de la wilaya, y compris ceux de l'industrie, ou du moins ce qu'on qualifie d'industriel, dans le jargon des fournisseurs d'électricité. Car d'industrie au sens propre, il n'y en a pas dans la wilaya, et les projets d'investissements sur lesquels sont fondés beaucoup d'espoir, puisqu'on attend d'eux quelque 15 000 emplois à court terme, ne vont pas peser outre mesure dans la consommation, nous apprendra Mohamed Athmane Zahnit, directeur de l'industrie et des mines chargé également du suivi du programme d'investissement de la wilaya. Ceci grâce à cette grande infrastructure que représente la centrale thermique de Koudiat Draouche (Berrihane), de 1200 MW, qui a stabilisé la distribution dans la wilaya, au point de faire 6% de réduction en 2015-2016, soit une économie de 17 jours sur les 365 jours de l'année. Ce qui serait très appréciable, selon nos interlocuteurs. Pour Abdelmadjid Hachemi Rachedi, PDG de SKD (Shariket Kahraba Koudiat Eddraouche) : «La centrale est un inestimable acquis pour notre pays et la région, et fort heureusement nous l'avons acquise au moment opportun. Elle a coûté 1,53 milliard de dollars, un investissement qui serait impossible à consentir aujourd'hui. Elle contribue pour 10% à la production nationale en électricité.» SKD est une filiale du groupe Sonelgaz (51%) et de Sonatrach (49%), avec un financement du CPA, qui, nous dit encore le PDG de SKD «peut être remboursé avant terme en 15 ans et permettre alors d'envisager une extension de la centrale, car les besoins nationaux en électricité sont croissants». La centrale de Koudiat Draouche emploie directement 100 personnes et 300 autres en services (transport, sécurité, restauration….) qui sont toutes présentes sur le site. Elle a été réalisée par l'américain Général Electric et l'espagnol Iberdrola, et si, précise encore M. Rachedi, elle a coûté plus cher en comparaison à d'anciennes centrales, c'est parce qu'elle est plus moderne, dotée d'une technologie plus avancée avec des matériaux, le câblage, entre autres, plus performant. A propos du projet Galsi (Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie), associé à la centrale de Koudiat Draouche, puisqu'il l'approvisionne en gaz pour ses turbines, les discussions avec les partenaires italiens sont au point mort, mais il faut se garder, selon nos interlocuteurs, de considérer que ce projet est une erreur, car l'Algérie est toujours placée comme fournisseur potentiel de l'Europe.