Pour son premier album, intitulé A Jidda, Dani Berbère dévoile un mélange de musique entraînante et de textes à messages. Les dix titres de l'album s'inspirent de l'ambiance des fêtes ancestrales. «Dès ma prime enfance, j'écoutais ‘ourar el khalath' dans les mariages et ces sonorités ressortent forcément dans mon travail», nous confie l'artiste. Natif de Beni Ourtilane, Dani Berbère s'est inspiré des chants de cette région amazighophone située au nord-est de Sétif. On retrouve dans les ichewiqen de cette région des accents particuliers rappelant par moments la musique chaouie. Dani Berbère ne se considère pas comme chanteur, il a donc fait appel à d'autres voix qui viennent conforter la sienne. On retrouve par exemple El Djida Tamechtuht et Chabha sur le titre Ith Wartiran composé en l'honneur de cette région qui a donné naissance à de grands hommes, à l'image du journaliste Abdelhamid Benzine et du miniaturiste Mustapha Adjaout, entre autres. Il ne s'agit pas d'un album folklorique tourné uniquement vers le passé ; les arrangements dénotent d'une certaine modernité. Djamel Allam, Ferhat Imazighen Imoula, les Abranis ou encore Allaoua sont quelques-unes des influences que reconnaît l'artiste. «On peut faire de la musique de fête tout en soignant la musique et les textes», souligne Dani, qui est lui-même percussionniste. Vouant une véritable passion aux rythmes, il invite Rabah Khalfa sur deux chansons et rend un vibrant hommage à ce maître incontesté de la derbouka. Résolument ouverts, les arrangements traversent diverses ambiances allant de la pop à la musique diwan. Les textes de ce premier album évoquent plusieurs thématiques touchant au patrimoine culturel de la région d'Ath Wartilan et plus généralement de l'amazighité. Dani est allé recueillir les chants et poèmes d'antan auprès des femmes de son village, dépositaires de ce savoir transmis de génération en génération. A commencer par sa propre grand-mère, aujourd'hui disparue, qui est évoquée dans la chanson A Jidda donnant son titre à l'album. Le souvenir des morts du Printemps noir, tués durant les manifestations en Kabylie, est également évoqué par la chanson Tarwa ntefsut (les fils du printemps). «Je rend hommage à ce combat, aux martyrs de cette lutte pour l'identité et surtout pour la liberté. La liberté est le maître-mot et le message que je veux transmettre.» Un message transmis via des textes écrits par le chanteur lui-même, mais aussi des poèmes de Allaoua Benkhider et Nadjib Zeddam, en plus des chants anonymes tirés de la tradition orale. Les textes ont d'ailleurs profité des conseils linguistiques et poétiques de Allaoua Benkhider, enseignant de tamazight, et du poète Rabah Inasliyen. Autant dire que Dani Berbère s'est bien entouré pour ce premier album, fruit de longues années de préparation. Voulant maîtriser tous les aspects de son projet, l'artiste a même créé sa propre maison d'édition, Aguf, pour sortir l'album. Ce premier opus augurant d'un bel avenir est disponible chez les disquaires depuis le 1er octobre 2016.