Les pouvoirs publics sont tenus d'intervenir au profit de ces enfants exploités dans la mendicité. Des nourrissons âgés d'à peine quelques mois supportent à longueur de journée la fumée toxique qui se dégage des voitures. Ils sont là avec leurs parents, qu'il fasse beau, qu'il vente ou qu'il pleuve. Une image choquante, mais qui laisse cependant indifférents beaucoup de gens, car le phénomène commence à se diluer dans le paysage général. Apparemment, le drame et le malheur de ces enfants qui sillonnent les routes de la capitale avec leurs parents ne suscitent plus de compassion. Il n'est pas difficile de deviner le genre d'exploitation auquel ils sont soumis. Ils sont tout simplement utilisés comme appât pour attendrir les passants et les automobilistes. Le plus déconcertant dans cette situation affligeante reste la placidité de ces jeunes parents qui n'ont aucune considération pour leur propre progéniture. Pour eux, il est d'abord question d'amasser le plus d'argent possible, quitte à maltraiter les enfants. Le phénomène a pris donc des proportions qui ne devraient pas laisser les pouvoirs publics sans réaction. Ces mendiants sont pour la plupart d'entre eux des ressortissants syriens, qui ont, d'après leurs dires, fui les affres de la guerre. On les trouve partout, sous les ponts, sur les axes routiers et même dans les cimetières. Ils sont perpétuellement en quête d'aumône. Ils utilisent des pancartes sur lesquelles on peut lire, «Famille syrienne a besoin d'aide pour louer une maison». A Souachet, une localité qui se trouve dans la commune de Bordj El Kiffan, ces mendiants se mettent non pas sur l'accotement, mais au milieu de la route. Entre leurs bras, des enfants en bas âge qu'ils mettent en évidence. Il le faut bien, car sans cela, leur jeunesse trahirait leur démarche. Quelques dizaines de couples ponctuent par leur présence impromptue la route sur une centaine de mètres. Tantôt ce sont des enfants à peine visibles à partir des voitures, qui exhibent les écriteaux, tantôt ce sont les adultes qui s'en chargent. Pourtant, la route aboutit à un barrage fixe de la gendarmerie, néanmoins le laisser-faire semble l'emporter sur toute autre disposition. Profitant de la formation du moindre embouteillage, ces mendiants s'installent sur les routes avant que le bouchon ne se défasse. S'ils se trouvent au bon endroit au bon moment, c'est une question de timing et de célérité. Ils doivent continuellement guetter les embouteillages et les points de congestion. En tout état de cause et quelles que soient les motivations de ces personnes, ce sont des adultes, et à la limite elles assument leur responsabilité entièrement. Quant aux enfants mineurs, il est du devoir des pouvoirs publics de les protéger de cette abominable exploitation qui leur ravit leur innocence et leur enfance. Le travail des enfants est interdit par la loi, que dire alors de la mendicité ?