Sanctions de l'UE contre la Russie pour son rôle en Ukraine, intervention de Moscou en Syrie... les dossiers brûlants n'ont pas manqué pour les chefs d'Etat et de gouvernement «en terrain miné», hier, au sommet européen de Bruxelles, le dernier d'une année affectée par le Brexit. La Première ministre britannique, Theresa May, devra s'éclipser à l'heure du dîner pour laisser ses homologues peaufiner discrètement ce que sera leur méthode de négociation avec le Royaume-Uni, une fois que Londres aura déclenché la procédure du divorce. «Nous marchons sur un terrain miné, il y a tellement de débats à l'agenda qui peuvent encore mal tourner», a mis en garde un haut responsable européen avant ce sommet, qui traitera également de la relance de la défense européenne et la gestion de la crise migratoire. Les 28 devraient a priori parvenir à s'entendre pour reconduire leurs sanctions économiques contre Moscou, imposées en 2014 après la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l'Est séparatiste de l'Ukraine (298 morts), comme l'ont demandé, mardi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande. L'UE, qui dénonce l'annexion de la Crimée et les atteintes de Moscou à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, a régulièrement reconduit ces sanctions depuis deux ans. Mais certains pays, notamment l'Italie, renâclent à poursuivre ces mesures au-delà de janvier. «Je table sur le fait qu'il y aura un consensus» des 28, a pourtant affirmé un responsable allemand. Selon un diplomate européen, il n'y a en revanche «pas de consensus qui émerge sur des sanctions liées à la Syrie, et ce, d'autant plus qu'il est impossible d'avoir une lisibilité sur les intentions de la prochaine administration américaine» vis-à-vis de Moscou, le président élu américain, Donald Trump, souhaitant un réchauffement des relations avec son homologue russe Vladimir Poutine. Un projet de conclusions du sommet prévoit cependant de «condamner avec force l'assaut continu sur Alep par le régime syrien et ses alliés, notamment la Russie», évoquant «la prise pour cible délibérée de civils et d'hôpitaux». L'UE «considère toutes les options disponibles», est-il indiqué dans ce document provisoire, qui ne mentionne toutefois pas la possibilité de sanctions contre la Russie. Mais «les choses peuvent évoluer» en fonction de la situation sur le terrain, où le front d'Alep s'est embrasé, mercredi, après un court répit entre régime et insurgés. Les dirigeants des 28 auront encore la Russie à l'esprit, quand ils discuteront de l'accord d'association UE-Ukraine, que les Pays-Bas sont les seuls à ne pas avoir ratifié, après son rejet par référendum. Pour tenir compte des résultats de ce vote sans bloquer l'adoption du traité par l'UE, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, demande des «garanties». Il s'agit surtout de «pouvoir dire que cet accord n'est pas l'antichambre d'une adhésion de l'Ukraine», explique un diplomate européen. «Si l'accord n'est pas ratifié, ce sera une victoire pour la Russie», prévient un autre. Theresa May privée de dîner Comme cela en devient l'habitude, Theresa May s'effacera elle en fin de journée pour laisser les 27 autres dirigeants s'entendre sur la manière dont l'UE conduira les négociations du Brexit, au cours d'un dîner de travail. Selon une source européenne, les 27 devraient s'entendre sur un court texte prônant «l'ouverture le plus rapidement possible des négociations» avec Londres, une fois officiellement enclenché le processus de sortie du Royaume-Uni via l'activation de l'article 50 du Traité de Lisbonne. Le document devrait souligner qu'ils seront «prêts à négocier» dès qu'ils recevront la notification promise par le gouvernement conservateur de Theresa May d'ici le 31 mars 2017. «L'enjeu est de mettre en place notre dispositif, nos procédures, pour être en ordre de bataille», a expliqué un diplomate européen, indiquant que le dîner n'aborderait pas le fond des futures pourparlers avec Londres, mais «clarifierait» les rôles dans la négociation à venir. Sur le front migratoire, les 28 rappelleront l'importance pour eux de la poursuite du pacte UE-Turquie conclu en mars, qui a permis de réduire sensiblement les arrivées de migrants en Grèce par la mer Egée. Pour faire face aux arrivées qui ne faiblissent pas sur les côtes italiennes, ils vont demander de continuer les efforts de l'UE pour nouer des partenariats comparables avec des pays africains.