Londres doit notifier "le plus rapidement possible" son intention de se retirer de l'UE, ont affirmé jeudi François Hollande et le premier ministre irlandais à Dublin. Le président français a ajouté qu'il n'était pas question d'un "statut spécial" pour le Royaume-Uni. "Il ne peut pas y avoir de discussions qui précèdent les négociations", a déclaré M. Hollande lors d'une conférence de presse avec le premier ministre irlandais Enda Kenny. Le président français a également assuré partager avec Mme Merkel "la même approche: il faut que les négociations s'ouvrent le plus rapidement possible". Pourtant, à l'issue d'une rencontre entre Mme May et la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin mercredi, les deux dirigeantes ont convenu que la Grande-Bretagne avait besoin de temps avant de notifier sa demande de sortie de l'UE. Cette étape n'interviendra pas "avant la fin de cette année", a répété Mme May. François Hollande a précisé qu'il discuterait avec Angela Merkel après avoir reçu Theresa May à l'Elysée jeudi en fin d'après-midi. A ce propos, M. Hollande a souligné qu'il espérait entendre les arguments de Mme May et qu'il attendait "des justifications" sur ce calendrier. "Si c'est pour avoir un peu plus de temps avant la négociation pour que la négociation elle-même soit plus courte, ça se discute", a-t-il ajouté.
Délai de deux ans En dépit des déclarations des dirigeants européens, Londres reste maître du calendrier pour activer l'article 50 des traités européens sur les modalités de sortie de l'UE. Une fois la demande déposée, les négociations devront s'achever dans un délai de deux ans, ce qui rend possible un départ de la Grande-Bretagne à l'horizon 2019. Le président français s'est montré plus ferme sur un autre point: un futur accès au marché unique du Royaume-Uni. Il a affirmé que Londres ne pourrait en bénéficier après le Brexit s'il ne respecte pas les principes de libre circulation des personnes.
Pas de "statut spécial" La France entend aussi porter un message ferme sur un autre volet de ces négociations. Pas question d'un "statut spécial" qui entraînerait de longues négociations. "Il faudra choisir parmi les différentes options qui existent", par exemple sur un modèle norvégien relativement intégré ou celui de la Suisse, plus distendu, a-t-on souligné de source diplomatique française. Les 27 apparaissent en position de force. La City a besoin d'un "passeport financier" européen pour ses établissements, afin de rester la première place financière européenne.
Renforcer la coopération La visite de M. Hollande à Dublin entre dans le cadre d'une mini-tournée, entamée au Portugal mardi. Il s'agissait de jeter les bases d'une nouvelle phase européenne avant le sommet de Bratislava le 16 septembre. Au premier rang des priorités de la France: renforcer la coopération européenne sur la sécurité et la défense, alors qu'avec le départ du Royaume-Uni s'éloigne le premier budget militaire de l'UE. Sur le volet économique, les efforts français portent notamment sur une "harmonisation fiscale et sociale". Paris et Dublin ont en outre signé un accord pour une nouvelle phase d'études pour une possible connexion électrique sous-marine entre la Bretagne et l'Irlande.
Merkel prête à accorder du temps à la Grande-Bretagne Angela Merkel et Theresa May sont convenues que la Grande-Bretagne avait besoin de temps avant de notifier sa demande de sortie de l'UE. Cette étape n'interviendra "pas avant la fin de cette année" a répété la Première ministre britannique. Le Royaume-Uni a néanmoins franchi mercredi une première étape vers la mise en oeuvre du Brexit en renonçant à la présidence semestrielle tournante du Conseil de l'UE qui devait lui revenir en 2017. La visite de Theresa May en Allemagne, la première chez un partenaire de l'Union européenne depuis sa nomination à la tête du gouvernement il y a une semaine, a été plutôt fructueuse pour elle en vue des discussions à venir : la chancelière allemande s'est montrée compréhensive sur le calendrier. "Il est dans l'intérêt de tous que la Grande-Bretagne demande cette sortie quand elle aura une position de négociation bien définie", a déclaré Mme Merkel à la presse aux côtés de la Première ministre britannique, avec laquelle elle s'est entretenue dans la soirée à Berlin. "Une bonne préparation est importante et donc, nous aussi, nous allons attendre le moment" où Londres se décidera à formuler sa demande à la suite du référendum du 23 juin au cours duquel les Britanniques ont voté pour quitter l'UE, a ajouté Mme Merkel.
Travail précis De son côté, Theresa May a réaffirmé, à propos du dépôt de la demande officielle de sortie de son pays, que "cela n'arrivera(it) pas avant la fin de cette année". "Cela va prendre du temps et demander un travail très précis" pour affiner la position du Royaume-Uni dans les tractations avec le reste de l'Union européenne sur les conditions du Brexit, a-t-elle souligné. Londres reste maître du calendrier pour activer l'article 50 des traités européens sur les modalités de sortie de l'UE. Une fois la demande déposée, les négociations devront s'achever dans un délai de deux ans, ce qui rend possible un départ de la Grande-Bretagne à l'horizon 2019.
Discussion constructive Globalement, les deux cheffes de gouvernement, qui sont régulièrement comparées dans les médias en raison de leurs origines et de leurs parcours similaires, ont fait assaut d'amabilités réciproques. Elles sont de la même génération, sont filles de pasteur, très pragmatiques et tenantes d'une ligne conservatrice plutôt modérée. "Vous avez devant vous deux femmes qui ont eu une discussion très constructive, qui remplissent leur tâche et veulent obtenir le meilleur résultat possible pour la Grande-Bretagne et l'Allemagne", a lancé Theresa May. La chancelière allemande a souligné que les deux pays avaient une relation "étroite et amicale" et travaillaient "sur la base de convictions similaires", ajoutant que cette proximité allait "imprégner les négociations sur la sortie de l'UE" du Royaume-Uni. Mme Merkel faisait allusion en particulier au fait que l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont toujours défendu au sein de l'Union européenne les principes du libre-échange ou de la libre concurrence, face aux Etats plus protectionnistes dans ce domaine.
Accès restreint Depuis la nomination de Theresa May, les médias allemands soulignent que l'Allemagne a tout intérêt au vu de l'importance de ses exportations à faire en sorte que la Grande-Bretagne garde un lien aussi étroit que possible avec l'UE, l'accès au marché unique européen des biens et services notamment. Mme May a réaffirmé à ce sujet que tel était bien son objectif, affirmant vouloir obtenir "le bon compromis sur les biens et services". Les discussions sur ce point s'annoncent néanmoins compliquées, car pour l'Allemagne, le marché unique implique la libre-circulation des citoyens de l'UE dans la zone. Or, Mme May a répété qu'elle envisageait de restreindre l'accès à son pays à la suite du vote en faveur du Brexit.