En 1975, le Festival de Cannes décerne à Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina la Palme d'or, consécration suprême du cinéma mondial. Le jury, présidé par l'actrice française Jeanne Moreau, l'a retenu parmi une sélection des plus difficiles où figuraient Parfum de femme de Dino Risi, The romantic englishwomen de Joseph Losey, Section spéciale de Costa Gavras, de Steven Spielberg, etc. Si la décision choque certains, elle est admise par la communauté cinématographique mondiale. Elle vient récompenser une fresque historique composée de six volets, à travers lesquels le cinéaste a voulu peindre la lutte du peuple algérien pour son indépendance depuis les premières années de la conquête coloniale (dite de cendre) jusqu'au 1er novembre 1954. Tourné avec des moyens considérables mis à la disposition du réalisateur par l'Etat, le film dure 175 minutes. L'image est signée par Marcello Gatti, directeur photo de La Bataille d'Alger. Le casting comprend, outre le réalisateur lui-même, une palette d'excellents acteurs : Sid Ali Kouiret, Larbi Zekkal, Nadia Talbi, Hassen El Hassani, Brahim Hadjadj (Ali La pointe dans la Bataille d'Alger), Cheikh Nouredinne, Tahar El Amir, Abdelhalim Raïs, Sissani, le grec Jorgo Voyagis et la marocaine Leïla Shenna. Mohamed Lakhdar Hamina, né en 1934 à M'sila, a débuté dans le cinéma durant la guerre de libération avec Djamel Chanderli (Djazaïrouna, 1960 et Les fusils de la Liberté, 1961). Il réalise en 1966 le très beau Vent des Aurès, où Keltoum interprète un de ses rôles les plus forts. Le film obtient en 1967 le Prix de la première œuvre au festival de Cannes, un avant-goût de l'accession à la Palme d'or.