Les élections américaines du 7 novembre pour le renouvellement de la Chambre des représentants, du Sénat et des postes de gouverneurs se sont soldées par la victoire des démocrates sur leurs concurrents républicains. Ce n'est pas un raz-de-marée démocrate, tant les scores restaient serrés avant la proclamation des résultats définitifs. C'est particulièrement le cas du Sénat où démocrates et républicains pourraient se trouver à égalité parfaite. Il faudrait pour cela que les démocrates remportent les deux sièges encore en lice pour obtenir 49 postes comme leurs rivaux. Ce cas de figure est important car il priverait les républicains de la courte majorité dont ils disposaient au Sénat avant les élections du 7 novembre. D'autre part, dans une situation d'équilibre aussi absolue, ce sont les sénateurs indépendants, ceux du Connecticut et du Vermont qui pourraient décider de quel côté irait la majorité. Alors que les dépouillements se poursuivaient encore dans l'après-midi d'hier (heure algérienne), il ne restait au camp républicain que l'espoir de deux sièges de sénateurs restant pour bénéficier de 51 voix et éviter la déroute totale. Car au même moment, la Chambre des représentants avait basculé dans le camp des démocrates. Les démocrates ont remporté 227 sièges contre 195 pour les républicains, alors qu'il restait, le dépouillement se poursuivant, 13 postes en jeu. Les démocrates sont, néanmoins, sûrs d'avoir la majorité à la Chambre des représentants. Ils ne peuvent en aucun cas être rejoints par les républicains, même si ces derniers gagnaient les 13 sièges encore non attribués. Les électeurs américains devaient également désigner des gouverneurs et le scrutin a été à l'avantage des démocrates qui enlèvent vingt postes sur les 36 Etats où le décompte final a pu se faire. Comme pour le Sénat, le suspense est maintenu sur la question de savoir si les démocrates auront aussi la majorité dans l'ensemble de l'Amérique. Ce serait un changement de cap qui consacrerait le principe d'alternance avant terme, car il s'agit d'élections à mi-mandat. Le retour des démocrates aux responsabilités est un coup de semonce pour les républicains dans la perspective des élections présidentielles de 2008. C'est le président George W. Bush qui essuie de plein fouet ce revers, pour ne pas dire ce désaveu. Le chef de la Maison-Blanche pourrait voir sa marge de manœuvre considérablement réduite, car il ne peut pas compter sur le soutien des démocrates, qui sont d'abord ses adversaires politiques. L'échec de George W. Bush dans la conduite de la guerre contre l'Irak explique en grande partie sa défaite électorale. Les Américains, dans des proportions très fortes, appréhendent le scénario du pire avec la présence de leur pays en Irak. C'est donc un vote sanction du Président. Par ailleurs, George Bush n'aura vraisemblablement plus les moyens de sa politique, car il n'emportera pas l'adhésion des démocrates à la poursuite du coûteux effort de guerre, alors que les Américains réclament du gouvernement qu'il s'occupe d'eux. Il n'est pas envisageable, en revanche, que la victoire des démocrates paralyse le pays. Il est plus certain, par contre, que la fin de mandat de George W. Bush se déroulera dans un climat de cohabitation forcée, qui amènera les deux parties à aller vers des consensus. Car, et c'est l'un des enseignements de ces élections américaines, George W. Bush n'est plus seul maître à bord. Il devra, en fait, veiller à ce que d'ici 2008, le vaisseau républicain qu'il a engagé dans toutes sortes de tempêtes ne soit pas coulé à fond.