À moins d'un renversement de situation extraordinaire, les démocrates devraient prendre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat, ce qui compliquerait la gestion de George Bush durant les deux dernières années de son second mandat. Même si les résultats des derniers sondages d'opinions laissent apparaître une réduction de l'écart, jusque-là très large en faveur des démocrates, tout indique qu'une alternance à la tête du congrès est sur le point de se produire, après douze années de contrôle républicain. En effet, les démocrates n'ont pas besoin d'une grande victoire pour faire main basse sur les deux chambres du Congrès. Pour prendre la majorité des 435 sièges de la Chambre des représentants, l'opposition démocrate doit gagner 15 sièges, ce qui paraît à sa portée, affirment depuis des semaines la plupart des analystes de la scène américaine. Dix nouveaux sièges paraissent acquis aux démocrates tandis qu'une bataille très serrée dans une trentaine d'autres circonscriptions pourrait leur donner au mieux jusqu'à 15 autres sièges supplémentaires. Par contre, le contrôle du Sénat où un tiers des 100 sénateurs sont renouvelés, les démocrates ont besoin de gagner six sièges au moins. Ce changement de cap chez les électeurs s'explique, selon les spécialistes, par les développements que connaît la scène irakienne, marquée ces dernières semaines par une augmentation sensible de la violence et surtout du nombre de morts au sein de l'armée US, qui a enregistré plus d'une centaine de soldats tués. Ainsi, la guerre en Irak reste la source de mécontentement majeure chez les électeurs démocrates, 73%, selon Washington Poste/ABC, alors que le terrorisme motive 77% des électeurs républicains. Désormais, 53% des Américains pensent que la guerre en Irak était une erreur, selon le sondage du Time. Dans un ultime effort dans l'espoir de renverser la vapeur, George Bush a cherché à exploiter à son profit la condamnation à la peine capitale de Saddam Hussein, en la présentant comme une victoire pour les Etats-Unis en Irak. “Le procès de Saddam Hussein est un jalon dans les efforts du peuple irakien pour remplacer la loi d'un tyran par l'Etat de droit. C'est une réussite majeure pour cette jeune démocratie”, a lancé le président US aux milliers de sympathisants républicains lors d'un meeting à Grand Island dans le Nebraska. Réagissant à cette tentative des républicains de capitaliser la condamnation du président irakien déchu, l'un des sénateurs démocrates les plus éminents, Joe Biden, rétorquera : “Il y a une place spéciale réservée en enfer pour Saddam (...) Mais je ne crois pas que cela aura le moindre impact sur les élections.” Enfonçant le clou, Claire McCaskill, une candidate démocrate au Sénat, ajoutera : “Le gouvernement irakien n'a pas été l'allié dont nous avons besoin dans la guerre contre le terrorisme.” Ceci étant, les analystes, à l'instar de l'expert indépendant Charlie Cook, estiment que seul un “miracle” pourrait sauver les George Bush et les républicains de la défaite. Il y a lieu de signaler que les nouvelles machines à voter électroniques utilisées pour les scrutins de novembre aux Etats-Unis soulèvent des inquiétudes après plusieurs ratés, ravivant le cauchemar de l'élection présidentielle en Floride en 2000, qui avait vu le candidat démocrate perdre face à Bush à la suite d'un décompte de voix très contesté dans l'Etat de Floride. K. ABDELKAMEL