L'Arabie Saoudite, durement affectée par la chute des prix du pétrole, envisage de vendre sur une période de dix ans 49% des parts de son géant pétrolier Aramco. L'annoncé a été faite hier par le quotidien saoudien Al Eqtisadiah citant un haut responsable. «Le gouvernement saoudien entend céder 49% d'Aramco en dix ans», a révélé le quotidien spécialisé dans son édition en ligne. Le résultat de cette opération sera investi «localement et à l'étranger» par le Fonds public d'investissement du royaume, d'après le même dirigeant. Celui-ci n'a en revanche fourni aucun détail concernant cette opération. L'Arabie Saoudite, dont l'économie est trop dépendante de l'or noir, a annoncé cette année une introduction en Bourse d'Aramco dans le cadre d'un plan de restructuration de son économie destiné à sortir de la dépendance au pétrole, qui représente 70% de l'économie du pays. Présenté en avril par le vice-prince héritier, Mohammed Ben Salmane, le plan Vision 2030 a prévu jusqu'ici la cession de moins de 5% du groupe pétrolier avec l'ambition de constituer un méga fonds souverain de 2000 milliards de dollars, quatre fois mieux doté que Sama, créé dans les années 1950. Le PDG d'Aramco, Amine Nasser, avait évoqué, en septembre, l'année 2018 pour l'introduction en Bourse de son groupe, qui assure la totalité de la production de brut du pays. Selon lui, la cession de 5% seulement d'Aramco ferait de l'opération la plus importante introduction en Bourse de l'histoire, loin devant l'entreprise chinoise de commerce en ligne Alibaba, qui avait levé 25 milliards de dollars en Bourse en 2014. En attendant, la plus grande compagnie pétrolière au monde doit commencer en 2017 la publication de ses bilans trimestriels, une opération qui fournira de meilleures données pour les investisseurs potentiels, affirmait-il. Les parts d'Aramco seront proposées, selon lui, sur le marché saoudien et pourraient être introduites à l'étranger. Riyad avait adopté une politique d'austérité pour faire face à la chute de ses recettes pétrolières. Après le déficit record de 97 milliards de dollars en 2015, le royaume avait suspendu des projets d'infrastructure, réduit les salaires des ministres et gelé ceux des fonctionnaires, une mesure sans précédent dans son histoire. Elle a aussi conduit Riyad à accepter dans la douleur de diminuer sa production pétrolière pour rééquilibrer un marché en suroffre et faire remonter les prix. Le gouvernement saoudien a également donné son feu vert au ministre des Finances pour l'introduction d'une TVA. Parallèlement, il a réduit les subventions sur les carburants et les services dans ce pays longtemps habitué à des prix bas à la pompe. Pour 2017, l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de brut, prévoit de ramener son déficit budgétaire à 53 milliards de dollars, contre 79 milliards en 2016, un chiffre révisé en baisse par rapport aux prévisions grâce à une compression des dépenses dictée par la chute des recettes pétrolières. Le royaume saoudien prévoit des dépenses de 237 milliards et des revenus 184 milliards pour 2017, a annoncé jeudi dernier le gouvernement. «Ce budget intervient à un moment où la situation économique reste très volatile», avait déclaré le roi Salmane, en notant «un ralentissement de la croissance mondiale et une baisse des prix du pétrole qui a eu un impact sur notre pays». Le gouvernement a affirmé avoir réussi à contenir son déficit 2016 à 79 milliards de dollars.