«Qui peut juger les auteurs de l'assassinat de Abane ?» s'interroge un moudjahid. La mémoire de l'architecte de la Guerre de Libération nationale, Abane Ramdane, a été honorée, hier, dans sa commune natale, Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou, à l'occasion du 59e anniversaire de son assassinat. Pour marquer cette date historique, le comité du village Azouza, en collaboration avec l'Organisation nationale des moudjahidine et l'APC de Larbaâ Nath Irathen, a organisé une série d'activités. Dans la matinée, une gerbe de fleurs a été déposée devant la statue du défunt à Sitkh Oumeddour, en présence des autorités locales. Et ce, avant de se diriger vers la maison ce héros de la Révolution qui est devenue un musée depuis 2010. Là, une importante exposition a été mise en place par le comité d'organisation, histoire de revisiter, à travers des photos, des coupures de journaux et autres documents, la vie et le parcours de ce martyr au combat mémorable. Le wali de Tizi Ouzou, Mohamed Boudarbali, qui a assisté à ces festivités commémoratives, a déclaré que «Abane était le fédérateur entre les moudjahidine de toutes les régions d'Algérie. Il était un homme qui avait l'Algérie dans le cœur. Il avait toujours appelé à l'union des rangs». Des témoignages sur le regretté ont été également apportés par des moudjahidine. Si Omar, un ancien maquisard de la région, a rappelé, lui aussi, les moments durs de la Révolution, comme il a souligné qu'il a rencontré Abane, en 1956, juste avant d'aller à Ifri pour la tenue du Congrès de la Soummam. «J'ai rencontré Abane à Tandlest, dans la commune de Aït Khellili, avant de partir à Ifri. Mais, on ne savait pas qu'il s'agit de lui. Il devait rejoindre Amar N'Ath Cheikh à Iferhounen, pour partir ensemble au Congrès. Malheureusement, Amar N'Ath Cheikh a été tué le lendemain dans un accrochage», témoigne-t-il. L'association Abane Ramdane a également mis sur pied un programme d'activités au lycée Kheouas de Larbaâ Nath Irathen où des élèves ont déclamé des poèmes en hommage à Abane et à tous les martyrs de la Révolution, outre la chorale et de la projection de film sur Abane Ramdane réalisé par Ahcene Osmani. Là aussi, l'assistance a eu droit à des témoignages sur la Guerre de Libération. Si Mohand Oubelaid, un ancien moudjahid, a parlé, lors de son intervention, des circonstances de la mort de l'architecte du Congrès de la Soummam. «Qui peut juger les auteurs de l'assassinat d'Abane et ceux qui ont tué beaucoup de moudjahidine», s'est-il interrogé. Et d'ajouter : «Il y a beaucoup de choses qui doivent être dites sur la Guerre de Libération nationale. L'histoire doit être écrite correctement. On n'a rien à cacher. Il faut seulement dire la vérité.» Par ailleurs, notons que le moudjahid Ramdane Benramdane, décédé lundi à l'âge 84 ans, a été inhumé, hier, dans son village natal, Ighil Imoula, dans la daïra des Ouadhias, à 35 kilomètres au sud de Tizi Ouzou. Il était parmi les personnes qui étaient chargées, avec Ali Zamoum et Mohamedi Saïd, de ramener la Ronéo qui a servi au tirage de la proclamation du 1er Novembre 1954. Après l'indépendance, il a occupé le poste de directeur des moudjahidine de la wilaya de Tizi Ouzou.