La campagne oléicole version 2016/2017 se décline sous de mauvais auspices dans la commune de Tamokra. Alors que le coup de starter de l'olivaison vient à peine d'être donné, les prémices d'un bilan des plus chiches se précisent chaque jour un peu plus. «En 50 ans d'exploitation oléicole, je n'ai jamais vu une situation aussi désastreuse» lâche, sur une pointe de nostalgie teintée d'amertume, un paysan du village Tizi Aïdel.
Le parc oléicole, peut-on constater, arbore une triste figure. Les effets pervers d'une sécheresse qui étend son emprise jusqu'aux portes de l'hiver sont tangibles : arbres rabougris, charpentières clairsemées, baies ratatinées. C'est dire qu'aucun arbre ne peut s'accommoder aussi longtemps de conditions si inhospitalières. Fut-il nec plus ultra en matière d'endurance et de rusticité, comme l'est l'olivier. «L'olivaison de cette année sera des plus maigrichonnes.
Dans certaines localités, la campagne sera bouclée en l'espace de moins d'une décade, tellement la fructification n'est pas au rendez-vous» subodore un exploitant du village Bicher, qui compte parmi les plus peuplés de la circonscription. Les parcours oléicoles de Tamokra, à l'image de toute la région d'Ath Aïdel, sont dominés par la variété Azeradj. Les arbres présentent moins de gigantisme par rapport à d'autres variétés, mais leurs baies ont la réputation d'être aussi grosses que gorgées d'oléagineux. Les rendements culminent à 35 litres par quintal, avec souvent des pics à 40 l/q. «Chaque année nous éloigne un peu plus de ces performances. Depuis quelques temps, elles sont devenues pratiquement hors d'atteinte» relève un paysan entretenant un verger à Boutouab.
Pour la présente olivaison, tout le monde table sur une production au ras des pâquerettes. La productivité promet d'emprunter la même courbe descendante. «Celui, parmi les exploitants, qui obtient 30 l/q peut s'estimer heureux. La moyenne devrait tourner autour de 25 l/q. Au final, le manque à gagner par rapport à la campagne précédente sera considérable», prédit un jeune oléiculteur du village Boukerdous.
Taraudé par l'incertitude des lendemains qui déchantent, il enchaîne : «l'avenir de la filière oléicole s'annonce plus sombre que jamais. Le manque de pluie n'augure rien de bon. Seul un miracle de la providence pourrait nous sauver d'une calamité certaine». Une maigre consolation tout de même : il est relevé une faible infestation des baies par la mouche à olive, le parasite tant redouté par les exploitants. En revanche, la mercuriale de l'huile, déjà assez élevée, risque de se hisser à des hauteurs vertigineuses.